Carnet de voyage des parents en Indonésie

 

AEROPORT DE BALI LE 27Juillet 2003

 

 Dernières minutes en Indonésie.

 C est le onzième avion que nous prenons, et encore une fois l'enregistrement n'a pas été de tout repos. Tatillons sur les instructions, le personnel refusait de prendre nos vélos démontés et momifiés dans un emballage plastique comme nous le faisons depuis l'Amerique Latine. 

Il aura fallu force d'arguments pour convaincre trois personnes que la taille des boites en carton ne convenait pas et que nous procédions ainsi avec la bénédiction de Qantas (là, on a un peu forcé la dose ...).

C'est ainsi que nous avons vu de haut les dernières vagues de l'Océan Indien disparaitre sous un plafond de nuages.

Une page se tourne.

Quatre heures d'escale à Singapour. Depuis quelques jours les informations annoncent que le risque de pneumopathie est éloigné. Bien disciplinés, passagers et personnel ont retiré leur masque. 

Pas un seul en vue dans ce grand aéroport lustré sans arrêt, agrémenté de jardins, fontaines, ecrans de TV ...

Une ou deux heures de plus nous auraient permis de bénéficier d'une visite gratuite de la ville en bus organisée par l'aeroport. Ici, on sait accueillir.

Du coup, nous avons profité de documentaires animaliers confortablement installés dans de grands fauteuils.

12eme vol, destination Londres. 

Nous réussissons a dormir un peu, mais les repères sont difficiles avec 7 heures de décalage horaire. Quand nous arrivons a 5 heures du matin, il est déjà midi en Indonésie. La journée sera longue ...

 

Accueil britanique ... Nous nous heurtons a un aéroport sombre, étriqué, bondé, ou les changements de terminaux par métro ne peuvent se faire avec les chariots. Manipulations pénibles, informations et directions rares, on marche, cherche... on perd beaucoup de temps, et la fatigue aidant, nos quelques interlocuteurs nous semblent bien mal aimables. 

Tentative vaine de changer notre vol pour la Hongrie pour un départ immédiat, notre tarif nous l'interdisant.

Nos quelques contacts pris a Londres sur des cyclos accueillants n'ont rien donné, et quand nous nous renseignons sur les hôtels, nos derniers soupçons d'énergie disparaissent ! Évidemment on nous refuse de ne prendre qu'une seule chambre et de faire dormir les enfants par terre sur les petits matelas (notre habitude), et on nous promet que nous ne trouverons rien en dessous de 150 livres par nuit, soit 1500 FF environ !!! 

Un peu plus et on retournait en Indonesie pour dormir dans un super hôtel pour 100 FF ! Une personne plus

aimable que les autres finit par nous trouver une nuit a 700 FF, avec beaucoup d arguments, et affirmant à l'hotel que Cyril n'a que 4 ans.

La garde des vélos et gros sacs nous coûtera 500 FF pour deux jours, le métro 100 FF ... En deux jours nous allons engloutir le budget d'un mois de voyage en Indonésie ou en Amerique Latine ! Et en plus le crachin anglais est au rendez vous. Il fait frais, les personnes ont des pulls et certaines des manteaux,... les vacances, quoi !

 

Nuit profonde et correcte malgré le réveil des enfants à 4h du matin, décalage horaire oblige. Difficile de les maintenir a peu près silencieux jusqu'à 7h !

Régime pain confiture et marche à pied pour le second jour ! Nous allons essayer de faire un peu de tourisme, mais décidément les enfants ne sont intéressés que par le jeu avec leurs avions en papier !

 

INFOS PRATIQUES

 

Retour vers le 20 août. On affinera dans une quinzaine de jours. Nous n avons rien prévu pour le moment ... chaque chose en son temps.

Échaudés par notre expérience londonienne, nous sommes preneurs de contacts en Italie, en particulier vers Venise et Turin. A bon entendeur ...

 

BALI le 24 Juillet 2003

 

Demain nous quittons l'Indonésie.

 

C'est avec un certain serrement de cœur que nous allons vers cette date qui marque la fin de notre périple lointain, même si notre retour à la maison n'est prévu que pour dans environ un mois.

 

Nous avons quitte Flores en bateau, qui nous a amené en un peu plus d une nuit à Bali.

Confort inattendu, mais musique à fond toute la nuit crachée par des hauts parleurs chevrotants, nous sommes quand même en Indonésie !

Le contraste à  notre arrivée à Bali est saisissant. A nouveau une circulation importante nous assaille. Les voitures individuelles sont nombreuses, plus encore les motos, et bien sur, nous ne voyons plus ni voiture à cheval ni camions chargés de grappes de personnes. L'Indonésie, si grande, tente de rassembler des îles aux cultures et niveaux de développement extrêmement différents.

Les touristes sont un peu revenus, et étalent sur la plage leurs corps blancs (souvent rouges plutôt) et bedonnants. Dans la rue, des groupes australiens promènent leurs regards d'autant plus hautains que leur pouvoir d'achat est fort.

Hier, l'un d entre eux a fait un scandale dans un magasin parce qu'il ne pouvait pas payer en dollars australiens ... bel effort d'intégration !

Alors nous essayons d oublier, de faire en sorte de ne pas être assimilés à ces personnes dont on se sent bien loin, continuons de baragouiner l'indonesien, et profitons de nos derniers bons repas à moins de 2 euros chacun (un luxe !).

Les enfants se réjouissent de reprendre l'avion. Les repas sont toujours un moment de surprise et de délectation, et comme le fait a chaque fois remarquer Cyril, "en plus, c'est gratuit !". 

Nous arriverons a Budapest le 28 juillet, ou nous serons accueillis par un camarade d'école de Maylis, Hongrois.

La suite sera improvisation, comme d habitude !

Bonnes vacances à tous, peut être retrouverons nous les accents sur le clavier des micros pour les prochains messages ?

Brigitte et Nicolas

 

 

MAUMERE LE 19 Juillet 2003

Nous voici arrives au terme de notre dernière étape indonésienne à Maumere, le principal port de la cote nord de Flores.

L'activité volcanique et sismique y est, comme dans toute l'Indonésie, très importante. La ville a été entièrement détruite par un tsunami, un raz de marée consécutif à un tremblement de terre, il y a une dizaine d'années. C'est aujourd'hui une ville poussiéreuse sans âme et sans grand attrait. Le récif corallien a également beaucoup souffert mais est en cours de reconstitution.

 

Depuis Ende, nous avons remonté une étroite vallée vers un fabuleux volcan perché à plus de 1600m d'altitude. Nous sommes arrivés dans la brume par une ambiance lunaire. Nous sommes restés là à attendre et notre patience a été récompensée au bout d'un peu plus d'une heure quand une soudaine trouée dans le ciel nous a découvert les trois lacs au plus profond du cratère. L'un est rouge sombre, son voisin bleu-vert émeraude et le troisième noir d'encre. 

Au dire des habitants voisins, les couleurs changent régulièrement au gré des modification de la teneur en minéraux.

Si la chaleur est très forte et humide sur la cote, dès que la route s'élève  dans les montagnes, la température devient particulièrement agréable.

Heureusement, car le relief ne nous épargne guère. Les paysages sont de toute beauté mais se méritent par d'incessantes montées et descentes. Les pourcentages sont néanmoins plus raisonnables qu'à l'ouest de l'île.

Nous sommes partis visiter des villages reculés qui ont gardé toutes leurs traditions animistes. Maria, la fille du chef, nous a très gentiment guidée dans la découverte de son village pendant que tous les enfants des alentours étaient réunis autour de nos drôles de machines.

Une série de petits hameaux abritant les tribus sont serrés autour d'un village principal construit autour de la case de chef. C'est une très curieuse construction au toit très haut ou vit le chef, seul, et ou se retrouvent les différents chefs de clans. 

C'est également là que se déroulent les principales cérémonies de leurs rites qui  s'articulent autour du rythme des champs, des semailles à la récolte. 

Les cultures s'accrochent aux pentes raides du volcan. De savants réseaux d'irrigation en bambou traversent les routes, longent les sentiers et distribuent l'eau de façon précise aux cultures, au plus près des besoins.

Le bambou est ici l'arbre aux cents miracles. Il sert a la construction des cases, des murs, de la charpente, jusqu'au toit, aux échafaudages et à la réalisation d'étais des constructions modernes, jusqu'à la réalisation des

instruments de musique.

Une coutume est restée bien étrange et effrayante aux enfants. Il s'agit de la consommation constante de bétel , notamment par les femmes âgées. 

Le bétel est une noix aux vertus toniques. Comme la coca dans les Andes ou le qat au Yemen, il a une fonction sociale importante. Pas de longue palabre ou d'accord de paix sans une consommation collective des heures durant. 

Refuser le bétel offert à l'entrée du village ou d'une case équivaut à une déclaration de guerre.

Inconvénient majeur cependant, la mastication de la noix ronge, noirci les dents et produit une salive abondante rouge sang qui suinte le long des lèvres.

La plupart des vieilles ont des têtes de sorcière assez effrayantes. Au grand sourire adressé aux enfants, répond souvent des yeux effarés se demandant à quelle sauce ils vont être mangés.

 

Plus nous progressons vers l'est et plus la population devient exubérante. A notre passage ce ne sont que cris, encourageants certes mais franchement fatigants à la longue. Les enfants aspirent à retrouver un peu la retenue balinaise et à ne plus être au centre de l'attention à chaque arrêt.

Dans deux jours nous repartons en bateau vers Bali, avant de prendre un avion  qui nous déposera a Budapest en Hongrie et reprendre nos vélos vers nos Alpes.

 

DE  ENDE FLORES LE 18 JUILLET 2003

 

Bonjour a tous,

 

Les connexions internet sont excessivement difficiles à trouver ici, près de 20 jours sans pouvoir se connecter... Quelle différence avec le Pérou ou toutes les villes de plus de 1000 habitants avaient au moins un café internet !

 

Nous vous avions dit précédemment que notre voyage prenait des goûts de luxe.

C'était sans compter sur les étonnants contrastes de l'Indonésie. Après Sumbawa, chaude et sèche, nous avons pris le bateau pour Flores et découvert un nouvel univers. Bali est hindoue, Lombok et Sumbawa musulmanes et Flores catholique, un héritage des luttes commerciales et coloniales entre les uns et les autres depuis le XVeme siècle pour le contrôle de ces précieuses îles aux épices.

 

De Labuambanjo, nous avons pris un petit bateau de fret pendant deux jours pour découvrir les deux grandes îles de Rinca et Komodo situées entre Sumbawa et Flores. Elles sont surtout connues a travers le monde pour abriter le fameux dragon ou varan de Komodo, un énorme lézard géant de plus de 3m de long qui à  jadis sans doute donne naissance aux mythes des dragons des mers d'extrême orient.

Les enfants en rêvaient depuis le départ et n'ont pas été déçus tant ces bêtes sont impressionnantes. Elles n'ont rien de nos inoffensifs lézards et sont de redoutables prédateurs pour les buffles d'eau, cerfs et sangliers qui vivent dans ces îles. mais les enfants vous en parleront plus longuement.

 

La nuit, nous avons dormi sur le pont du bateau en regardant l'envol de  milliers de chauve-souris. Le lendemain, nous avons pu admirer une nouvelle fois le récif corallien et ses poisons multicolores.

 

De retour à Labuanbanjo, nous avons repris la route vers l'est de Flores, une  île volcanique extrêmement tourmentée au relief épuisant.

La première montée  fut abominable avec des pentes dépassant allégrement les 20 pour cent, sur une route en état de dégradation avancée. Nous étions souvent obligés de descendre pour pousser, bloquer la roué avec le pied pour que le tandem lourdement chargé ne recule pas, tirer de toutes nos forces pour avancer de 50cm, rebloquer

la roue et recommencer pour trouver des pentes plus raisonnables. Il nous faudra une journée entière d'efforts pour venir a bout des 30 premiers kilomètres !

 

La population est, comme le temps, particulièrement chaleureuse et les enfants nous accueille en courant après nous et en hurlant comme des beaux diables des "hello misteeeeeeeeer !' à s'en arracher la glotte. Les femmes

surtout courent après les enfants pour les toucher, les embrasser et faire un petit pincement amical. 

Au début, on est tout heureux de cet accueil, mais la fatigue aidant, les cris et l'agitation deviennent vite insupportables. Ca me rappelle l'interview de coureurs cyclistes du tour de France excédés par la familiarité

des supporters dans les cols, les touchant, leur tapant dans le dos, les poussant, criant à leurs cotes. A propos de tour de France, on a du mal à s'imaginer la popularité de l'épreuve. 

En Nouvelle Zélande, nous avons croisé des cyclistes qui partaient pour 15 jours suivre le tour de France en vrai, un rêve de 20 ans ! Ici, l'épreuve est aussi suivie. Je n'imagine pas ce que ça doit être en Colombie actuellement avec un maillot jaune national !

 

Les infrastructures touristiques, en dehors de quelques sites, sont réduites à leur plus simple expression. Le soir, nous dormons dans les villages et nous y sommes toujours bien accueillis. Le séjour d'un touriste dans le village

est en soi un évènement, mais quand ils sont cinq, qu'ils sont à vélo et que c'est une famille entière avec des enfants, ça devient vite le délire. 

Nous sommes souvent entourés de plus de 100 personnes regardant le touriste qui monte la tente, le touriste qui se lave, le touriste qui fait la classe, le touriste qui joue, le touriste qui prépare a manger et enfin. le touriste qui va se coucher ! Ils sont par ailleurs tous forts sympathiques, nous apportent de l'eau, des bananes, des petits beignets, de l'igname.

Nous limitons la difficulté en organisant chacun des 'stands' cuisine, photo, jeux, école, permettant d'avoir à faire à de plus petits groupes de personnes dans lesquels un échange devient possible. Nos quelques notions d'indonésien nous sont bien utiles pour amorcer une conversation. Les soirées deviennent beaucoup plus sympathiques quand nous sommes invités dans une famille ou nous n'avons à faire qu'a une trentaine de personnes, les voisins immédiats.

Nous sentons parfois une vraie proximité avec certains mais malgré nos progrès en Indonésien la langue reste une barrière dont nous avions beaucoup moins souffert en Amérique du Sud, d'autant que la plupart de nos interlocuteurs parlent entre eux dans leur dialecte qui nous est totalement inconnu, l'Indonésien étant avant tout une langue d'échange non maternelle.

 

 Ajoutez a cela une nourriture bonne mais fortement épicée et vous comprendrez  que les enfants commencent a éprouver une certaine lassitude. La variété n'est pas toujours au rendez vous et nous avons le plus souvent droit à des nouilles au petit déjeuner, des nouilles à midi et des nouilles le soir.

Tous les cyclistes au long cours vous le diront, le moral du voyageur à vélo tient avant tout dans son assiette et nos petits pédaleurs n'échappent pas à la règle.

Ils se prennent à réver du bon pain des boulangers du Bourget du Lac et parlent avec nostalgie du beefsteak du boucher et de la tomme du marché.

Les cris, la chaleur, le relief, la nourriture, l'absence d'intimité commencent à leur peser et provoquent pour la première fois une certaine lassitude. Maylis fait le plus souvent bien face et fait preuve de pas mal d'initiative pour amorcer le dialogue malgré les difficultés mais Alexis et Cyril saturent parfois et font preuve d'une attitude de méfiance ou de rejet qui ne peut rien améliorer.

Nous avons parfois tendance à  oublier que le voyage et la rencontre demandent tous les jours à nos globe-trotters en herbe une énergie supplémentaire qui s'ajoute au vélo, à l'école. et aux remarques désobligeante des parents ! 

Notre niveau d'exigence reste élevé pour des enfants de 6 et 8 ans.

 

Flores est malgré tout une île splendide avec des paysages de volcans inoubliables et nous nous régalons sur nos vélos de vues à couper le souffle. 

l'est de Routeng, le relief est toujours très marqué mais la route est bien dessinée et la pente très raisonnable. Dans un petit village perdu dans la foret, nous nous sommes arrêtés avec un guide pour connaître un peu mieux

leur mode de vie. Nous avons discuté avec quelques vieilles du village. 

Une petite fille s'est mise a chanter et les enfants s'y sont mis avec des chants qu'ils avaient appris à l'école. Il y en avait un qui venait d'Asie et que Oswaldo, l'intervenant musical péruvien de l'école leur avait appris. Alors que

Maylis et Alexis chantait, les visages des enfants et de la vieille se sont figés, celui de notre guide s'est illuminé et il est parti d'un grand rire admiratif.

Il s'agissait d'une chanson traditionnelle de ce village même, dans la langue  locale Ngada que sa maman lui chantait petit !

> Nade su kau azie

> Nade dongo kau azie

> Nade si kau dongo dooongo

> Sona ine kau wi laa ngo

> Nade si kau bhete bheethe

> Sona ine kau wi rau mere

 

> Dors, dors, mon enfant, mon tout petit, pour que ta maman puisse aller  travailler, travailler aux champs.

 

 Il nous a invité chez lui le soir et nous a appris avec sa mère et sa famille d'autres chansons que nous avons précieusement enregistrées.

 

Nous avons demandé aux enfants s'ils souhaitaient continuer un an et rentrer en France à vélo en traversant l'Asie. La réponse fut claire, ils souhaitent retrouver les copains, un rythme un peu plus régulier, le calme de leur

maison et nous parlent avec émotion des jours de crêpes après l'école.

Retour donc au boulot et à l'école le 1er septembre !

 

D'ici la, nous mettons le cap vers Maumere ou un bateau nous ramènera à Bali et un avion vers Budapest. Le retour par l'Europe de l'Est permettra de se réhabituer progressivement a notre vieille Europe. Nous devrions pouvoir reprendre notre petit rythme tranquille sous la tente pour notre dernier mois.

 

Bonnes vacances à tous et à bientôt !

 

BIMA, le 29 juin 2003

 

Partis le Lima au Pérou il y a 11 mois, nous voici à Bima, ville importante dans l'est de Sumbawa, en Indonésie !

Ces petites iles de la Sonde se suivent, mais ne se ressemblent pas. 

Après Bali touristique et enfumée par une circulation dense, Lombok et Sumbawa ont des allures de désert. Nous sommes surtout passé d'une religion dominante hindoue à Bali, qui met en avant la beauté et la sophistication, à des zones musulmanes.

Plus d'offrandes dans la rue, beaucoup moins de fleurs, de processions. Beaucoup moins de possibilités d'hébergement aussi. On nous a déconseillé de faire du camping sauvage, alors on a dormi a l'arriere d un petit resto, chez un instituteur ou planté devant une maison sur pilotis.

 

Lombok et Sumbawa sont aussi beaucoup plus pauvres que Bali qui vit, ou plutôt vivait beaucoup du tourisme. Les voitures individuelles sont extrêmement rares, par contre les transports en commun de toutes tailles très fréquents. Les bus transportent des grappes humaines tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, sur le toit, des passagers se mettent sur les pare chocs des camions ... tout est bon pour se déplacer ! 

En ville, la voiture à cheval est reine. Petites carrioles bigarrées, légères, tirées par un cheval paré de pompons et de grelots, c'est rapide et efficace pour transporter personnes et marchandises sur des petites distances.

On dirait même que Nicolas va essayer de glisser un projet à Altermodal !!

Notre route a souvent longé une cote magnifique, émaillée de villages de pecheurs pittoresques. Les maisons sur pilotis en bois, souvent colorées se suivent, les petits poissons sèchent sur le bord de la route, et toujours, toujours, des milliers de "hello mister" nous sont adressés. 

Des fois on en a assez, et on a du mal a saluer sereinement !

Le moral des troupes est bon, même si ces derniers jours n'étaient pas materielement très faciles. Nous continuons à alterner les repas de riz et de nouilles frites.

Les petits estomacs manquent de laitages, de pain, de confiture, de fromage, de chocolat.... alors nous délirons sur les vélos !

Heureusement nous trouvons facilement des fruits pour mettre un peu de gaieté dans notre régime parfois trop épicé..

Demain nous fêterons nos 12 000 km, puis nous prendrons un nouveau ferry pour aller sur Flores. De l'Islam, nous passerons au catholicisme, de surface toujours, car l'animisme est très prédominant. Nous irons dire un petit bonjour aux fameux dragons de Komodo, petite ile située entre Sumbawa et Flores.

Hier c'était la fin de l'année scolaire. Les enfants ont timidement essayé de négocier une réduction de peine et un alignement sur le calendrier francais...en vain. 

Nous continuons donc notre petit rythme d'une heure par jour environ, et cela va plutôt bien.

Il est 18 heures, la nuit est tombée, nous sortirons bientôt manger dans un petit resto (warung) près du marché.

Bonnes vacances a tous

 

BALI le 11 Juin 2003

 

Bonjour à Tous,

 

15mn pour établir la connexion et commencer à taper... Il faut de la constance pour écrire ici. 

Ne vous attendez pas a recevoir beaucoup de nouvelles dans les semaines qui viennent car plus nous iront vers l'est, plus les connexions devraient se faire rares.

A part ce petit détail, Bali est un véritable ravissement.

 Dans cette petite ile volcanique, la densité de population atteint plus de 1000 habitant au kilomètre carré, soit plus de deux fois les Pays Bas ! Et encore, l'île est occupée par de grands volcans dont certains inaccessibles. Le moindre mètre carré de terrain est planté, difficile donc de planter une tente.

La sortie de Denpasar fut impressionnante avec une densité de trafic inimaginable mais relativement calme et tranquille. Les motos omniprésentes comme les camionneurs doublent avec précaution nos drôles d'engins.

Nous remontons vers le nord sur les flancs d un grand volcan. Nous bifurquons très vite vers des petites routes

plus tranquilles. Tout au long du chemin le spectacle est continuel. Les artisans travaillent en bord de route avec le plus grand soin. Sculpteurs, menuisiers, maçons rivalisent de finesse pour ciseler des portes, des murs, des

temples. La religion hindouiste est ici dominante.

Chaque maison a un lieu de prière. Le matin, les femmes déposent des offrandes sur l'autel et de magnifiques paniers tressés remplis de fleurs toutes plus magnifiques que les autres avec un baton d encens et quelques friandises devant chaque entrée de la maison pour s'attirer les bonnes grâces des esprits.

A quelques kilomètres du sommet, nous rejoignons la grande route. L'oxygène se fait rare et nous sommes noyés dans les gaz d'échappement. Difficile de réussir à respirer au milieu des nuages noirs ! Résultat finalement

encourageant car Brigitte est malgré tout en pleine forme et s'est visiblement bien remise de la dengue. Nous parvenons au sommet et descendons dans le cratère ou nous pouvons admirer trois magnifiques lacs successifs. Cyril se fait tout seul la remontée bien raide du cratère que nous longeons ensuite par une petite route magnifique. A notre droite, le lac du cratère, à notre gauche la mer à quelques encablures, et nous perchés à plus de 1500m, ravis du spectacle.

Nous plongeons ensuite le long d'une ligne de crète vers Munduk.

Nous dormons chez Putul, dans un grenier à riz suspendu au dessus de la vallée.

Le spectacle du coucher de soleil reste inoubliable. En bas dans la vallée, les rizières s'étendent au milieu des arbres à clou de girofle.

Des grandes éoliennes pendues sur de longs bambous rivalisent de vitesse avec les cerfs volants des enfants.

En altitude, les nuits sont plus fraîches et nous dormons bien, malgré le concert nocturne des chiens et des coqs du village. 

Le lendemain, Putul, nous fait visiter les champs et les plantations du village.

Nous nous perdons dans un dédale de petits sentiers pour découvrir de magnifiques chutes d'eau et un savant réseau d'irrigation et de terrasses qui retiennent l'érosion.

Il nous explique le cycle du riz et les travaux des champs. La fertilité exceptionnelle de la terre balinaise, due en grande partie aux volcans, permet cinq récoltes par an de riz et d'ail. 

Autre culture importante, le clou de girofle, récolte avant la floraison sur des arbres assez hauts. L'exercice est périlleux et les hommes cueillent perches sur de hauts bambous pour un revenu qui tend malheureusement a s'amenuiser.

La vie à Bali pour nous est des plus confortables. Difficile de trouver du pain mais nous nous régalons de la cuisine indonésienne dans des petites restaurants très bon marché. L'occasion de lier connaissance et d'améliorer progressivement nos rudiments d'indonésien. 

Le premier contact avec la langue est plutôt favorable : pas de conjugaison, pas d'accord féminin ou pluriel avec le nom. La grammaire est donc plutôt simple... reste a apprendre le vocabulaire. Les enfants s'y font bien, Maylis particulièrement qui se révèle avoir des talents pour l'apprentissage des langues.

Les balinais sont bienveillants et nous remercient largement de nos efforts, rien de mieux pour s'intégrer et partager un peu mieux leur culture.

Hier nous avons été invites à une cérémonie de crémation. Là encore, les balinais font preuve d'une grande ouverture d'esprit et les jeunes comme le prêtre nous apprend avec patience quelques gestes de leur culte. La musique, composée essentiellement de percussion est très présente. Les fleurs et le riz jouent un grand rôle dans le rituel. Buduk nous explique que la famille doit économiser plus d'argent pour pouvoir faire un rite complet de crémation.

En attendant, la grand mère est enterrée dans le cimetière du village avant que ses cendres soient dispersées dans la mer. Putul nous avait aussi fait par du coût des fêtes, très nombreuses à Bali pour l'attente, la naissance, les 3 mois, les 6 puis 9 et les un an de l'enfant. La fête dure trois jours et rassemblent une centaine de proches qu'il faut héberger et nourrir.

Les temps sont durs depuis l'attentat qui a coûté la vie a près de 200 personnes à Denpasar il y a 7 mois. Les touristes ont complètement désertés l'île alors même que la population balinaise est presque entièrement

hindouiste... 

Nous dormons à l'hôtel tous les soirs pour une bouchée de pain (de riz). Hier, nous étions accueillis dans un endroit magnifique ou nous étions les premiers hotes depuis plus de trois semaines. La situation est pour

la population assez catastrophique mais les gens ne se départissent pas de leur gentillesse et de leur sourire. 

En attendant, nous en profitons pleinement. Ce matin, un pêcheur nous a emmené avant le lever du jour voir un groupe de dauphin dans une pirogue à balancier toute colorée.

Demain, Maylis devrait faire son baptême de plongée avec bouteille. Nous avons retrouve de très beaux poissons dans le massif corallien. Tous ont fait de grands progrès en natation, même Cyril qui commence à bien se débrouiller.

A bientôt, quand nous pourrons retrouver une connexion...

Nous devrions partir pour l'île voisine de Lombok d'ici quelques jours.

Nicolas

 

Le 7 Juin 2003 Premiers tours de roues à BALI

 

Nos premières impressions : il fait chaud, et nous sommes en Asie.

 Pas si loin de la Nouvelle Calédonie, et pourtant une population tellement différente !

Il y a du monde partout, et nos premiers tours de roues se sont faits au milieu des petites motos enfourchées le plus souvent par deux à 4 personnes (adultes et enfants), parés de casques ronds rarement attachés. 

Les gens rigolent en nous croisant, et nous saluent avec un grand sourire.

Les touristes ont déserté Bali, et reviennent timidement. Nous sommes dans un endroit très touristique pour le moment, mais le plus souvent seuls au restaurant.

Marchant dans les rues, nous devons être attentifs à ne pas marcher dans les petits paniers d'offrandes déposés devant chaque habitation ou maison par terre, mais aussi sur les très nombreux petits hôtels sur les trottoirs. Ces

petits paniers tressés de feuilles de bananiers contiennent quelques fleurs très belles, des morceaux de fruits, un biscuit, et un bâton d'encens. Dans la journée, oiseaux, chiens, rats viendront se servir, les dieux seront honorés.

Le matin, ils sont jetés et remplacés avec soin.

Tout est beau. Chaque échoppe, bâtiment, est décoré de multiples sculptures, tissus chatoyants. Bali est hindoue.

Nous quittons notre petit hôtel ou les enfants ont failli se dissoudre dans l'eau de la piscine, pour aller vers le nord et traverser le centre montagneux.

Nous poursuivrons ensuite vers les autres îles de la Sonde jusqu'à Flores, et reviendrons a Bali vers la mi juillet pour certainement y faire un dernier tour avant de reprendre l'avion.

A bientôt pour de nouvelles sensations.