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Los Andes le 26 décembre 2002 Nous avons passes 3 jours passionnants avec tous nos amis cyclistes à refaire le monde et nous raconter des histoires de tous les pays... Le voyage à vélo est bien riche de plein de différences d'approches. Nous n'avons pas réussi à repousser notre date d'envol pour prolonger notre séjour en Amérique du Sud. Le 1er janvier, nous partons pour la Nouvelle Zélande. Changement de continent, de langue, de climat, de paysages... A bientôt des antipodes et bon réveillon a tous !
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Los Andes, le 24 décembre 2002 Bonjour a tous et joyeux Noël !!! Le soleil brille ce matin sur la Cordillère. Devant nous, les champs de noyers s'etalent a perte de vue dans la vallée, les pêchers et les abricotiers ploient sous le poids des fruits gorges de soleil. Un peu plus haut, les rangées d'avocatiers se déploient sous la ligne des peupliers qui marquent les canaux d'irrigation. Magie de l'eau qui transforme un désert d'épineux en vallée fertile. Au loin, les derniers névés s'accrochent encore aux pentes des contreforts de la cordillère. Plus loin, les sommets enneigés nous dominent et nous devinons dans la brume le géant des Amériques, l'Aconcagua à près de 7000m. Le temps est délicieusement doux comme un début d'été et ce soir c'est Noël. Nous avons du mal a y croire. "Mais comment le père Noël va-t-il faire ici avec son gros manteau, il va mourir de chaud" nous a lancé Cyril un peu inquiet. C'est vrai qu'ici le père Noël est bien injuste avec les enfants du sud et ne leur apporte que trop souvent faim et misère. Il n'apportera pas dans les chaussures de montagne des enfants une play station ou le dernier robot interstellaire. Il apportera plus certainement un petit cahier pour continuer à écrire et dessiner. Il a surtout pris dans sa hotte le plus beau des cadeaux : plein d'histoires du bout du monde glanées par les amis avec lesquels nous allons réveillonner. Les derniers jours sont arrives à vélo un tchèque, un couple de québécois lui parti depuis plus de treize ans, elle il y a deux ans pour faire le tour des volcans du Pacifique, un japonais qui bourlingue depuis 5 ans sur tous les continents, un espagnol, un couple franco-belge avec le petit Robin de quatre ans partis de Québec il y a un an et demi, un américain qui a pose ici ses sacoches après deux ans de voyage, un couple de français et un Lozérien qui a passe plus de cinq ans en Amérique du sud, un allemand qui est venu poser ses roues pour plus de trois mois ici. Nous sommes a la "Casa de los Ciclistas" à Los Andes au Chili. Si le paradis des cyclistes existe, s'il y a un centre de la terre des cyclos-globe-trotters, nous l'avons trouvé. Eric, un français qui n'a de français que la langue et le passeport, né a Madagascar, accueille tous les cyclistes de passage. Il fête ce Noël les 25 ans qui marque l'arrivée de "son" premier cycliste. Il a dans ses yeux bleus azures tous les rêves de ces voyageurs un peu bizarres sur leurs deux roues, du plus humble au plus fou. Il y a quelques jours est parti un québécois parti douze ans marcher autour de la terre avec une petite charrette, un hollandais fou qui voulait faire la distance de la terre à la lune en vélo. Il ne lui manquait plus que 8000km pour boucler son tour de 400000km. Nous discutons tous en espagnol en anglais ou en français jusqu'à une heure avancée de la nuit en se rendant compte que notre grand petit monde à vélo était bien passionnant... Sa maison, il l'a construite avec les poutres récupérées sur le chemin de fer abandonné qui monte au col vers l'Argentine. C'est le père Noël, l'abbé Pierre des cyclistes de passage et des animaux perdus. Il a reçu près de 800 cyclistes depuis le debut et mème jusqu'à 18 chiens. Dernièrement un grand condor a pris son envol de chez lui une fois soigné. Eric est vétérinaire et reçoit egalement des chouettes, des hiboux et tous autres animaux abimés par la folie des hommes. Les enfants étaient tous contents de pouvoir trouver des copains avec les deux garcons de Eric et ils font des grands progrès en espagnol. Ils ont préparé tout seuls tout un sketch en espagnol, une histoire de nounours voyageurs... Daisuke, le japonais a appris à Maylis de nouveaux origamis après Kami et Ana, deux cyclistes japonais que nous avions reçus a la maison avant de partir. Ils ont décoré tous les deux les poutres de la maison. Nous sommes allés cueillir des fleurs jaunes orangées des bords de route, de la chicorée sauvage et du lin bleu pour préparer des bouquets. Nous allons préparer un grand assado, nous ferons chauffer le four en brique rond dans le jardin pour preparer quiche et gâteaux. La nuit va être douce.
JOYEUX NOËL A TOUS !! FELIZ NAVIDAD A TODOS !! HAPPY CHRISTMAS !!
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Mendoza le 16 décembre 2002 Après la Rioja, nous pensions en avoir fini avec les zones arides et pouvoir profiter de tous les fruits et légumes que nous avions pleinement apprécies à notre arrivée en Argentine. C’était sans compter sur les incroyables contrastes de ce pays continent de plus de 5000km de long ¡ Nous avons commencé par traverser de gigantesques exploitations d’oliviers de plusieurs centaines d’hectares. La structure des exploitations agricoles nous apparaît ici extrêmement différente de la France. Là encore les contrastes sont frappants entre des énormes exploitations industrielles de centaines ou milliers d’hectares et une polyculture de subsístance pauvre. Entre les deux il semble y avoir peu de place pour des exploitations familiales comme chez nous. Si les grandes exploitations peuvent bénéficier des effets de la dévaluation du peso pour augmenter considérablement les exportations, la grande masse des ouvriers agricoles continue à avoir une vie plutôt précaire. Après les champs d’oliviers, nous avons retrouvé des kilomètres et des kilometres d’épineux bien peu hospitaliers et des distances considérables entre des petits villages ou l’approvisionnement reste limité. Mais la route est bonne, plate et rectiligne et nous parcourons dans ce paysage un peu morne un bon nombre de kilomètres par jour, 70, 80, jusqu’a 100km dans la journée. Après plusieurs jours de temps couvert, le grand bleu apparaît et nous subissons les températures que l’on nous annonçait, 35, 37, jusqu’a 40 degrés à l’ombre. La sécheresse s’est faite ici considérablement sentir et nous rencontrons beaucoup d’animaux morts ou faméliques. En arrivant à San Agustin del Valle Fertil, -qui n’a de fertile que le nom en dehors de quelques poches de verdure- nous sommes pris dans un orage qui va nous accompagner plus de trois jours. L’eau se faisait cruellement attendre et rarement il est tombé autant d’eau en si peu de temps. Un peu plus loin, un orage d’une rare violence avec des grêlons gros comme des oeufs de poule à détruit la totalité des récoltes, les vignes, les arbres fruitiers et déchiqueté toutes les feuilles des arbres, un vrai désastre! Devant toute cette pluie qui tombe et une de nos tentes qui commence franchement à prendre l’eau, la gérante du camping nous ouvre une de ses maisons en location, grand luxe, réfrigérateur, four et micro-ondes ¡ Nous en avons profite pour nous préparer une bonne tarte aux pommes et prendre notre petit déjeuner avec une plaquette de beurre. C’est un peu comme si nous retournions a la maison nous ont dit émus les enfants. A San Agustin, nous croisons la route de Jaques, un cycliste français parti depuis près de six ans. Après un tour d‘Europe des capitales européennes en courant de plus de 18000km. Il a depuis traversé l’Europe de l’Est, le Moyen Orient, l’Asie et parcours l’Amérique latine depuis deux ans. Malgré les années de voyage et près de 80000km parcourus sa fraîcheur de vue, son goût des contacts n’ont pas pris une ride. Il a su garder cette capacité à toujours s’étonner et mettre en éveil sa curiosité. Notre petit voyage d’un an semble bien étriqué en comparaison de son approche du voyage et fait figure de parcours pour gens pressés... Il pense continuer encore une dizaine d’années pour remonter l’Amérique du Sud, revenir un peu en Europe et partir à la découverte de l’Afrique. Il vit en démarchant des grandes entreprises françaises dans les capitales traversées. Avec 150 euros en poche par mois, il voyage sans problème. Nous avons passé trois jours bien agréables en sa compagnie malgré la pluie. Lui a repris la route du nord pour passer l’Abre SanFrancisco a plus de 4700m, encore sous la neige, et nous avons repris la route vers le sud.
Nous traversons encore des grandes entendues d’épineux. Sur un point haut, au milieu de ce paysage désolé, nous tombons sur Vallecito, un lieu de culte tout à fait étonnant a la “Difunta Correa”. L’histoire et la légende en valent la peine. Deolinda Correa de son vrai nom est partie dans les années 1830, en pleine guerre civile, retrouver son mari fait prisonnier dans une province lointaine. Après avoir marché des jours et des jours en pleine chaleur avec son jeune enfant dans ses bras, elle meurt de soif, de faim et d’épuisement sur la montagne. Quelques jours après, des muletiers attirés par un vol de vautour découvrent le corps de la mère et l’enfant vivant accroché à son sein. C’est la fin de l’histoire, pas forcement avérée d’ailleurs et le début de la légende... Les paysans du lieux lui font une sépulture et commencent un culte discret à la défunte. Quelques années plus tard, un gaucho perdu dans une tempête, à la recherche de son troupeau sentant sa fin venir, promet à la défunte de construire un lieu de culte s’il parvient à en réchapper et à retrouver son troupeau. Le lendemain, la tempête passée, il découvre son troupeau agrandit de 500 tètes et construit une première chapelle. Différents miracles lui sont attribués et le lieu se développe de façon importante jusqu’à devenir un des principaux lieux de culte de toute l’Argentine. Les voyageurs et plus particulièrement les camionneurs lui vouent un culte fidèle et passent systématiquement lui faire une petite prière. Devant un culte non reconnu, la chère Difunta n’est ni Sainte ni Bienheureuse, l’Église a commence par prendre ombrage de ce succès et fustiger ces résurgences de paganisme puis s’en est accommodée. Le lieu est aujourd’hui couvert de petites chapelles ou les “promettants”, c’est comme cela que l’on appelle les pèlerins, viennent faire une prière pour obtenir un bienfait et promettre de faire un don à la Difunta Correa en échange. Il s’agit donc d’une sorte de troc spirituel du genre “tu m’exauces et je te fais don de ci ou de ça” avec une figure du Paradis proche de Dieu mais avec laquelle on peut se permettre ce genre de troc que l’on oserait pas avec une vraie figure de Saint estampille un peu trop impressionnant. Le lieu est donc couvert d’ex votos et de chapelles thématiques dans lesquelles on trouve par thèmes, des images ou des maquettes de voiture, de camions, de tracteurs, des multitudes de maquettes de maisons, d’entreprises, de commerces. Les sportifs viennent remettre leurs chaussures, même Diego Maradona, le demi-dieu argentin est venu signer un maillot de foot, les cyclistes leurs maillot et même leur vélo après une grande victoire, les jockeys une photo finish de leur victoire, les femmes heureuses, leur robe de mariée (pas de smoking masculin en revanche ¡...). Toute l’allée menant au sanctuaire est couverte de plaques d’immatriculation de camions. Une chapelle est consacrée aux diplômes... L'État argentin en a fait officiellement la patronne des voyageurs et des camionneurs qui viennent lui rendre une petite visite a chaque passage. Ils lui font des petits autels dans la Pampa et déposent régulièrement des bouteilles d'eau... Une aubaine quand nous sommes à sec ! Nous avons également croise la route d’un groupe scolaire mené par Mario, encore une figure bien étonnante. Passionné d’enseignement et de nature, il emmène toute l’année avec tout un groupe de copains des jeunes pour leur apprendre sur le terrain géologie, biologie, histoire et géographie. Il accompagne également des groupes de cyclistes au travers de l'Argentine et a récemment couvert Ushuaia-la Quiaca (plus de 5000km) en a peine deux mois. A San Juan, la capitale argentine du vélo, nous avons été reçus comme des rois, navigant entre la famille de Mario, de Sergio un ami a lui et Ante, un argentin d'origine croate croise sur la route et qui quelques années avant a traversé l'Europe à vélo. Sur les quelques jours passes la bas, nous avons été invités chez l'un, chez l'autre a manger des "assados" les grillades argentines toute la journée, à discuter et à chanter. Le courant passe vraiment bien avec tous ces argentins, accueillants, simples et directs. Les enfants dormaient chez Mario et ont bien joué avec ses 7 enfants de 7 à 19 ans et les filles de Sergio du même age. Dans ces conditions, les progrès en Espagnol sont impressionnants. Maylis se débrouille vraiment bien maintenant et tous se lancent sans problème. Quant a nous deux, Ante nous a laisse les clés de sa maison... Nous nous sommes ces quelques jours faits un peu plus au rythme argentin en se couchant le soir sur les coups de 2 ou 3h du matin. En partant de San Juan, nous pleurions tous ! Dommage que la crise argentine ne nous permette pas de revoir de si tôt tous ces nouveaux amis ! A cote de cela, nous avons partout eu des regards bienveillants ou des petites attentions agréables. Le long de la route, une voiture s'arrête pour nous offrir un rafraîchissement et des glaçons, une autre nous offre un melon, une troisième des petits gâteaux l'opticien chez qui nous allons changer les lunettes de Cyril refuse de nous les faire payer, chez un autre commerçant c'est un petit cadeau pour les enfants, plus loin une municipalité qui nous offre une nuit d'hôtel... Inoubliable De tous les pays que nous avons parcourus dans nos différentes pérégrinations, c'est vraiment l'Argentine qui nous a réservé l'accueil le plus chaleureux. Et pourtant, la situation économique de l'Argentine est catastrophique. Nous vous en avions un peu parle les fois dernières mais partout reviennent le même écœurement devant le gâchis incroyable du a l'impéritie et la corruption des gouvernants. Le pays a tout pour réussir, des fruits, des légumes en quantité, de l'élevage, des ressources minières, un niveau d'éducation particulièrement élevé, trois prix noble de médecine... et les cas d'enfants morts de faim se multiplient aujourd'hui ! A San Juan, quand nous arrivions, une femme de 30 ans venait de mourir de faim. Elle pesait 30kg. Le même jour, le journal dénonçait les conseillers municipaux qui venaient de s'attribuer un traitement de 1500 pesos (500 euros) par mois sur les fonds de l'aide sociale. Le mot honte ne doit pas exister dans le vocabulaire politique argentin. Il ne s'agit pas que de rumeurs de journaux. C'est dans leur vie de tous les jours que les argentins sont confrontes a ces difficultés incroyables dans un pays de ce niveau. Ante nous racontait également toutes les difficultés dans la vie de son entreprise pour ouvrir un commerce, importer, accéder à un marche public... et maintenant se faire payer. Mario n'a pas été payé depuis trois mois et ne sait pas quand il pourra toucher son salaire. Les retraits dans les banques sont bloqués à 150 dollars par mois. Les retraites ne sont pas non plus payées et les arriérés atteignent plus de 8 mois pour certains fonds de pension. Le gouvernement a annoncé qu'il ne paierait pas les prochaines échéances dues au FMI et à la Banque Mondiale et les négociations sont au point mort, ce qui devrait entraîner un arrêt des versements des prêts exceptionnels consentis. L'avenir est bien sombre et personne n'attend quoi que ce soit des futures élections. La tension monte dans les quartiers les plus pauvres et l'appel à la grève et aux manifestations pour le 19 et 20 décembre prochains pourrait bien dégénérer... Un gâchis vraiment tragique ! Nous devrions a présent repasser la cordillère au pied du géant d'Amérique, l'Aconcagua, pour aller au Chili ou nous serons sans doute dans une petite semaine pour passer Noël entre cyclos. A Los Andes, un vétérinaire français installe la bas a créé la "Casa de los ciclistas" pour accueillir les cyclistes et fête les 25 ans d'accueil des premiers cyclos. Bon Noël a tous ! Nicolas and co
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Lundi 1er décembre, La Rioja
Nous vous imaginons en train de choisir les guirlandes qui orneront l'arbre de Noël, de vérifier et sortir les affaires de ski en scrutant la cime des montagnes. Les enfants ont peut être ouvert la première fenêtre du calendrier de l'avent ? Pour nous, Noël est une notion un peu théorique. Il fait chaud, et nous avons de la chance car un ciel nuageux nous suit depuis quelques jours, car ici le thermomètre franchit normalement allégrement les 35 ou 40 degrés. Alors, bien contents, on avance sous nos nuages, avec une température plus clémente. Au bord des routes, nous trouvons parfois des ventes de fruits, et nous gorgeons alors de pêches, abricots, pastèques ou melons. Le soir, nous dégustons des steaks que nous cuisons à la braise en admirant les petits éclairs verts des lucioles. Tant pis, nous raterons notre saison de ski ! Les décorations de Noël ici sont rares, et on se demande encore si le Père Noël peut arriver avec des rennes et une luge, emmitouflé ! Pauvre Père Noël !! Jujuy, Salta, Cafayate, Tucuman, Catamarca, et maintenant La Rioja. Voici la sixieme "région" argentine que nous traversons, et nous sommes encore bien au nord de cet immense pays de 5000 km de long. Les distances du coup sont plus longues, et il est fréquent de rouler 50 km sans rencontrer un seul village. Nous nous sommes laissés prendre sans nourriture pour traverser 150km avant Cafayate, en comptant sur un village devenu fantôme avec l'abandon de la ligne de chemin de fer... Inquiétude ? Mais c'était sans compter sur l'extrême gentillesse des argentins et une famille nous a tout de suite donne légumes, fruits, polenta sans que nous puissions payer quoi que ce soit. Nous avons eu néanmoins une grande variété de paysages : gorges minérales très belles pour arriver à Cafayate (encore une leçon modeste de géologie pour les enfants !), puis des vignobles autour de cette petite ville touristique, des dizaines de km d'arbustes d'épineux très désertiques pour atteindre un nouveau col au pied duquel nous avons fait la rencontre de Julian. Sacre personnage que ce jeune (il a notre age !) franco allemand, emmène par son père durant 7 ans pour un tour du monde en voilier avec ses 3 frères et sœurs. Toutes ses années de collège et lycée se seront passées par correspondance avec les États Unis, ce qui lui a permis d'être très rapidement totalement trilingue. Suit une vie de voyages et expériences de tous genres, et le voila installe dans un petit village argentin, finissant un hôtel de quelques chambres dans une architecture de son invention, très originale et merveilleusement réalisée. Magie des rencontres ... il nous a laisse sa demeure pour la soirée, et nous avons pu préparer une ratatouille, histoire de changer un peu de nos nouilles quotidiennes ! Cette montée de col s'est poursuivie dans un paysages très sec. Cyril du haut de ses cinq ans a bien assure la majeure partie de la montée jusqu'a plus de 3000m. Et par magie, la descente sur Tafi del Valle nous a transportés en Suisse (pluie comprise). Tafi est la station de vacances des habitants de Tucuman qui cuisent dans leur cuvette. Par contre, fin novembre, c'est une ville fantôme, la plupart des magasins sont fermes ; pire que la cote d'azur hors saison ! Nous avons alors continué dans une somptueuse descente de 1500 m de dénivellé, 55 km de long, a travers une foret tropicale, pour déboucher sur une vaste plaine plantée de tabac a perte de vue. Après le tabac, a nouveau des dizaines de km d'épineux, et des grandes oliveraies. Autant vous dire que nous avons quitte les zones touristiques ! Il n'y a pas grand chose a voir, par contre les gens sont extrêmement sympathiques. Très prévenants, attentionnés, agréables tout simplement. Il ne se passe pas une journée sans que l'on nous donne des fruits, des gâteaux, des sucettes pour les enfants ... Quand nous nous reposons au bord des routes, des gens s'arrêtent pour nous demander si nous n'avons besoin de rien. Nous avons passe des moments très sympathiques à partager un peu l'intimité de nos hotes argentins. Nous nous rendons compte au travers de ces rencontres que ce sont bien elles qui guident notre voyage et lui donne toute sa saveur, même dans des régions désertiques... Beauté du monde et bonté des hommes, que demander de plus a notre bonheur de voyager ?
L'Argentine nous apparaît comme un pays de très grands contrastes. Les grandes villes sont très modernes, et certains supermarchés nous rappellent Carrefour. Par contre, les campagnes, sont parfois bien proches de la Bolivie, avec des petites maisons construites avec quelques parpaings. Contraste avec les villas rutilantes de Tafi del Valle ! Sur la route se côtoient des voitures neuves et des antiquités de 4L, 2CV ou autres, qui roulent grâce a la magie de bons mécaniciens. Par contre, il suffit de parler politique pour obtenir un avis unanime de rejet. La dévaluation du début 2002 a multiplie les prix par 3.5 du jour au lendemain, mais pas les revenus. Puis, les prix, essentiellement des produits alimentaires ont encore augmenté, souvent du double. Tout le monde parle de cas d'enfants morts de malnutrition dernièrement. Choquant dans un pays élève modèle du FMI jusqu'en 1999, dont l'équipement en voitures et en TV par famille était plus élevé que celui de la France dans les années 60 ! Nicolas s'est lancé dans un livre sur les relations entre le FMI et l'Argentine, qui explique la crise par de multiples raisons macro économiques et fiscales. Mais ce qui ressort de façon unanime des discussions est l'énorme corruption qui touche tous les niveaux, et surtout les plus hauts et qui vide le pays de ses ressources pourtant importantes. Alors les gens se débrouillent. Certains vendent leur production, leur pain en direct, d'autres changent de métier comme ces ingénieurs qui conduisent des taxis. Buenos Aires et les très grosses villes sont touchées par une augmentation de la violence et des vols. Nous n'avons jamais été concernés et avons toujours rencontré des gens charmants. Ces longues distances nous permettent de bien discuter, et les enfants ont affiné leurs projets d'avenir : Alexis veut être vétérinaire d'animaux sauvages au Kenya (précis non ?) Daktari quoi, ou alors dessinateur d'animaux ou bien alors professeur de biologie pour mieux connaître les animaux... Cyril lui veut être Médecin Pompier pour sauver des gens, merci Papy, ou alors Ingénieur Ciril (comprenez ingénieur civil) pour construire plus de pistes cyclables ou bien alors ingénieur en mecanique pour construire des beaux vélos... c'est pas orientéça ? Je vous jure que nous n'y sommes pour rien. Mais il veut aussi voyager... Accrochez vous les mamies, il veut voyager autour du monde 9 ans (c'etait la veille de rencontrer Julian) et construire un bateau pour traverserles océans et mettre son vélo dedans, et puis non, deux bateaux un avec des voiles et un autre accroche derrière avec un moteur s'il n'y a pas de vent. - Et Cyril, tu peux mettre le moteur dans le bateau a voile ? - Ah oui, répond le Cyril qui ne manque ni de repartie ni d'esprit pratique, mais deux c'est mieux si il y en a un qui coule. - Et comment tu feras pour gagner de l'argent ? - Oui, et bien je prendrai une carte et j'irai dans les banques pour prendre de l'argent... - Et Cyril, c'est pas comme ça que ça marche ! - Bon et bien je travaillerai 4 ans et je mettrai la moitie a la banque. - Et tu partiras avec tes enfants ? - Oui, cinq enfants... Euh non en fait 3 parce que 3 tandems ça sera trop cher et c'est un peu compliqué... Voila j'abrége mais ça a dure 45km... Un bon moment à rire et les entendre parler d'avenir, s'émerveiller aussi de leurs différences.
PETITE HISTOIRE D'UN PAQUET QUE NOUS N'AURONS JAMAIS ET D'UN PAYS QUI FONCTIONNE MAL Nicolas ayant cassé son petit plateau en Bolivie, nous en avons recherché un vainement à La Paz, puis un mecanicien lui a bricolé un nouveau plateau à partir d'un pignon de même taille. Par précaution, nous avions demandé à Jean-Pierre, frère de Nicolas de nous en renvoyer un en Bolivie. Finalement, l'envoi a été fait pour Jujuy, capitale de la province du nord de l'Argentine, ou nous avions une adresse. Jean Pierre a confié le paquet, avec quelques autres pièces mécaniques qui nous faisaient défaut à un transporteur international UPS (on peut faire de la publicite !) et payé le port jusqu'a Jujuy. Histoire bien banale ! Commence alors une histoire de fous ou le paquet arrive à Buenos Aires, et ou il faut a nouveau payer pour qu'il continue jusqu'a Jujuy (ce que Jean Pierre a fait, alors qu'il avait déjà paye). Puis, le paquet a été déclaré bloqué a Buenos Aires. Impossible de le faire continuer jusqu'à sa destination. Une personne devait le retirer directement a B.A, avec procuration, payer à nouveau, et enfin le paquet pouvait être réexpédier dans le nord. Pour info, Jujuy se trouve a 1500 km de la capitale ! Suivent des mails dans tous les sens, dérangeant quantité de personnes en Argentine et en France. Nous decidons de faire revenir le paquet en France. Impossible dit UPS. Nous imaginons alors de faire récupérer le paquet par des amis ... et le transitaire argentin demande plus de 200 dollars US de frais de garde pour pouvoir récupérer le paquet. UPS en France se déclare incompétent pour intervenir en Argentine. En attendant, ils ont été compétents pour accepter le paquet et le coût d'envoi ! Conclusion, le paquet a été "abandonné" en Argentine. Qui se servira du plateau .. qui mangera les chocolats gentiment glissés avec ? En attendant, le plateau bricole en Bolivie tient toujours depuis deux mois et bien des sollicitations. CONCLUSION / bravo au technicien bolivien, bravo à UPS pour la fiabilité de ses services, merci encore et mille excuses a tous ceux qui sont intervenus dans cette histoire, et pauvre Argentine, ... cette histoire n'étonne personne ici. Mieux vaut n'avoir besoin de rien !
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Salta le 21 Novembre 2002
Bonjour, Pour l'anniversaire de Nicolas, le temps nous a réservé une belle surprise avec une grosse pluie. Nous avons planté les tentes au camping municipal (notre premier !) a cote d'une gigantesque piscine peu profonde. Baignade ce matin sous la canicule après une séance d'école. Puis nous avons fait un tour en ville et nous sommes encore une fois faits avoir par l'heure. Ici, a 13h ou parfois 12, tout ferme ... même les restaurants !! et c'est la trêve totale jusqu'a 17 ou 18h. Les magasins ouvrent alors jusqu'à 22h minimum. Tout le monde se couche très très tard, et le matin, autant dire que c'est tranquille ! Un rythme à l'espagnol auquel on n'est pas du tout habitués, et qui ne nous convient pas trop, car vu la chaleur, il vaut mieux que nous démarrions très tôt le matin. Nous avons quand même fêté dignement les 38 ans de Nicolas en trouvant une pizza et en nous réfugiant chez un marchand de glaces. Il faisait tellement chaud que tout dégoulinait au bout de quelques minutes. Dommage de se précipiter pour manger notre première glace après 3 mois !! Et cela fait maintenant 3 heures que le ciel se vide. Nous attendons en faisant encore de l'école dans le hall des toilettes de la piscine ... Nous reprendrons la route demain vers Cafayate plus au sud, région de vins (bons) mais encore très sèche. Si j'ai bien compris, nous allons passer par des canyons très pittoresques pour y accéder. L'Argentine est tellement grande que notre petit guide en une centaine de pages n'est pas très performant, alors surprise. En attendant, voici des textes des enfants. Ceux d'Alexis sont très en retard car il a tellement aime les animaux d'Amazonie qu'il n'arrive pas à arrêter de dessiner et d'écrire a ce sujet.
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San Salvador de Jujuy, 13 novembre 2002
Hola, buenas tardes a todos ! "Viva Jujuy, Viva la Puna, viva mi amada, vivan los cerros pinterrajeados de la Quebrada" Comme dit la chanson... eh bien nous y sommes ! Nous voici donc descendus de l'altiplano après 3 mois à naviguer entre 3500 et 4500m. Nous avons apprécié les températures douces de la journée, fraîches la nuit et le charme désertique des hauts plateaux. Nous voici donc plongés, descendus dans l'été et on nous promet des températures torrides pour les jours a venir... Ca promet. Mais revenons sur nos derniers jours en hauteur... Après la Quiaca et notre premier contact avec l'Argentine, la route nous offrait sur ruban noir d'asphalte doux a nos roues après des centaines de kilomètres de pistes en Bolivie. Mais les hauts plateaux devaient encore nous manquer et nous ne devions pas encore avoir fait le plein des paysages lunaires. Nous sommes donc repartis pour une semaine dans la Puna argentine, sur les conseils de Analia Rondon et Remy Rasse a travers des petits villages perdus et des paysages fantastiques. Des roches vertes, rouges, ocres jaunes, des cimes bleutées. Au fond un petit village d'adobe rouge avec son église blanche qui rappelle la neige des hauts sommets et un filet d'eau dans le Rio Grande de Oro qui trace la frontière entre la Bolivie et l'Argentine. Les élégantes vigognes abondent à cette altitude. Nous avons également pu apprécier les nandous, quelques tatous mais pas les trop timides pumas qui sont pourtant nombreux dans les gorges... Tout ce qui faut pour inspirer les dessins Alexis qui se font de plus en plus riches et harmonieux. Nous découvrons donc l'autre cote du sud Lipez bolivien. La descente de Casa Colorada a la lagune de Pozuelos reste notamment un moment inoubliable, 1500m de dénivelé avec des paysages de lagunes exceptionnels... Un de nos plus beaux souvenirs de descente. Pour les voir, ces paysages, nous les avons vraiment vus car cote vélo, ça a été vraiment dur... sans doute le plus dur du voyage. Un vrai plan galère pur jus 100 pour 100 Mercat qui comme chacun le sait laisse les meilleurs souvenirs... Eh les freros vous vous souvenez ? Sable, pierre, tôle ondulée, cols a plus de 4500m, cotes sèches a 15 ou 20 pour cent par fois, des innombrables gués plein de sable qui vous arrêtent après la descente juste avant de remonter, un vent violent (parfois dans le dos il faut l'avouer !). Il nous fallait parfois forcer pour conserver les 5km/h de la marche a pied... Il fallait faire attention a l'eau les villages de 50 a 200 habitants étant séparés de 40 a 50km. Bref un bon moment. Heureusement l'hospitalité a été à la hauteur de la difficulté du terrain. Nous avons reçu un accueil extrêmement chaleureux dans les écoles. Les gens nous donnaient pain, oranges, bananes, pêches, glaces, eau et tout se dont nous avions besoin. Nous avons été invites par la municipalité de Santa Catalina à fêter l'anniversaire de la commune avant d'être invites à l'école du village. Tous les enfants sont sortis avec les maîtres et maîtresses pour nous applaudir. Certains nous remerciaient d'être venus jusqu'ici. Nous avons passé la nuit suivante à l'école de San Juan y Oros, un petit village d'une centaine d'habitants ou nous avons été accueillis par la directrice. L'occasion de bien discuter et connaître mieux l'Argentine. Dans ce petit village, l'école compte une quarantaine d'enfants dont 35 vivent toute la semaine à l'école avant de repartir le vendredi vers leur maison parfois située à 5 heures de marche. La plupart des instituteurs vivent également ici la semaine et repartent chez eux dans la vallée à plus de 250km. Nous avons été frappes par le niveau de motivation de la directrice qui a une haute idée de sa fonction. Dans le village, elle fait fonction de conseil, garde la porte ouverte à tous, aide en fin de semaine les quelques uns qui accèdent au collège et prodigue également des enseignements aux adultes... Sans doute un rôle qu'ont pu remplir en France les instituteurs de village, nos hussards noirs de la république, au début du siècle dernier. Il faut avoir du cran pour rester l'hiver quand la température descend à -15 ou -20 degrés et que la route est enneigée. L'école est équipée en panneaux solaires qui fournissent toute l'énergie du village. Les enseignants se débrouillent pour faire vivre tout ce petit monde avec ce qu'il leur reste de ce qu'envoie chichement le gouvernement empétré dans les difficultés économiques... Une vraie mission, bravo à eux et un grand merci pour leur accueil. Après cette semaine encore exceptionnelle, nous avons retrouve avec délice la douceur du bitume, même pas un vieux bi-couche mais un bel enrobe tout moelleux pour nos vélos fatigues. Apres Abra Pampa et Tres Cruces, nous avons amorcé notre descente de l'Altiplano par la Quebrada de Humahuaca... 200km de descente de rêve des 4500m de la Puna aux 1000m de Jujuy. Au fur et a mesure que nous descendons, la végétation se fait plus présente. Ce qui nous frappe d'abord, ce sont les odeurs oubliées après la sécheresse de l'Altiplano. Les rosiers, le jasmin, le mimosa et les tamariniers sont en fleurs et nous offrent des vagues de douces fragrances. La deuxième chose, ce sont le chant des oiseaux et bientôt le cri des vols de perruches et de perroquets. Les beaux villages que nous croisons, Humahuaca, Tilcara, Pupamarca ont gardé l'adobe des hauts plateaux mais les grands arbres y prodiguent une ombre d'une fraîcheur inoubliable. Les marchés regorgent de fruits et de légumes qui nous plongent dans les souvenirs du printemps et du début d'été. La température se fait plus chaude et même carrément orageuse à juste après notre arrivée à Jujuy un violent orage éclate. A Huacalera, nous avons pu apprécier la fraîcheur de la maison de Remy et Analia, des amis qui vivent 6 mois en France et le reste de l'année en Argentine. En cherchant leur maison dans ce petit village d'une centaine d'habitants, nous sommes tombés, O surprise, sur Norbert un ami de Cyclo Camping International, une association qui relie les voyageurs à vélo, et qui passe également l'hiver en Argentine... Le monde des voyageurs à vélo est bien petit finalement. Nous y avons également croise Julia qui avec son mari musicien et mime a parcouru toute l'Amérique Latine en faisant des spectacles et en apprenant aux enfants a construire des instruments... Des nouveaux amis fort étonnants avec qui nous partagerons musique et gâteau au chocolat de Norbert ! A Jujuy, nous sommes accueillis comme des rois par les parents d'Analia, Kuki son père a enseigné un bon nombre d'année dans la puna, connaît bien les réalités argentines et sait tout faire dans la maison. Entre les travaux dans la maison de Remy et Analia, il trouve du temps pour réparer tout les petits bobos de nos équipages, détordre un plateau, réparer le compteur, recoller les sacoches, ressouder un porte bagage, resserrer les pignons. Ce midi, nous avons fait une magnifique ratatouille à nos hotes, presque aussi bonne que celle de Remy paraît-il. Que le vin de Cafayete etait doux et que nous nous sommes bien regalés de tous ces légumes dans ce pays de viande ! Nous avons aussi pu ces derniers jours bien échanger sur la situation politique et sociale en Argentine. Depuis la dévaluation du Pesos par 4, le prix tous les produits importes, notamment le carburant a été multiplie par 4 alors que les réseaux commerciaux pour réactiver les exportations ensommeillées par une parité avec le dollar trop stérilisante tarde a se mettre en route. Chaque Argentin du plus petit au plus grand doit au FMI plus de 3500 dollars, soit plus du revenu moyen annuel... Toute la population a totalement perdu confiance envers le classe politique totalement corrompue, a touts les échelons, depuis le plus haut niveau de l'État, les Provinces jusqu'au policier de base. Les gens sont également très amers sur les résultats des privatisations massives qui ont eut lieu du temps de Menem. Certes les services publics n'étaient pas connus pour leur efficacité mais les privatisations se sont faites dans un climat de corruption intense et toutes les entreprises nationales sont parties au plus offrant dessous de table aux multi nationales nord-américaines ou européennes. L'ancien ministre de l'économie de Menem a déclaré a un journal anglais : "l'Argentine est un pays puissant mais son problème vient de sa classe politique de fils de p.... totalement, et je m'y mets dedans" a-t-il ajoute... Dans un autre style, Castro a déclaré : "Je peux régler le problème de l'Argentine avec 1000 briques. Je fais un mur, je fusille toute la classe politique et le problème est réglé" Effectivement, dans un autre style c'est plus expéditif mais bon... En attendant, le résultat des privatisations a plus été des licenciements massifs et une plus grande sélectivité des prestations aux plus riches qu'une amélioration du service à la population. Les argentins sont aussi conscients de leurs propres faiblesses, notamment la faculté à travailler dans les secteurs les plus difficiles des mines et du bâtiment que les boliviens viennent remplir. Même si le temps des militaires est heureusement bien fini ici, -il n'y a plus rien a voler dit on ici- l'avenir politique, économique et social de ce pays pourtant plein de richesse reste bien morose et nombreux sont les jeunes qui souhaitent se tourner vers l'Europe comme leurs arrières grands parents européens, italiens, français, portugais, espagnols, allemands des régions pauvres s'étaient tournés à l'époque vers ce nouvel eldorado... Nous repartons demain vers le sud et encore plus de chaleur direction Salta, Cafayate, Tucuman, la Rioja et Mendoza avant de passer dans un peu plus d'un mois au Chili. Hasta luego a todos.
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Tupiza, 1er novembre
Allo la France ? Nous venons de revenir sur terre après une semaine hors du temps sur une autre planète... Sans doute une semaine des plus extraordinaire que nous ayons pu vivre jusque la. C'était dans le sud Lipez, l'extrême sud de la Bolivie, coince entre l'Argentine et le Chili. D'Uyuni, nous sommes partis pédaler sur le Salar. Imaginez une immense mer de sel de 160km de long et 140km de large, toute blanche. Au loin, les montagnes qui le bordent flottent sur des mirages. Nous mettons le cap plein ouest vers l'Isla del Pescador. Avec nos vélos, nous sommes comme des marins partant pour des terres nouvelles. Le sol est dur, parfois plus humide. Le sel crisse sous nos pneus comme la glace, tantôt cristallin, tantôt plus lourd. Après le sable, les cailloux et la tôle ondulée, le lac est la plus belle piste cyclable que nous ayons connu jusque là. Nous partons à la boussole et au bout de quelques kilometres, une petite pointe apparaît, nous laissant percevoir la rotondite de la planète sur laquelle nous nous déplaçons. Petit a petit l'île se fait plus grande mais il est très difficile, comme en mer, d'apprécier les distances. Au loin deux grands volcans guident notre progression. L'île se fait plus précise et nous accostons au bout d'un voyage totalement irréel. Nous nous installons dans un petit refuge et montons admirer les immenses cactus qui la peuplent. Dans des conditions aussi difficiles, ils poussent d'un centimètre par an et les plus vieux atteignent 12m et... 1200 ans, ce qui nous fait percevoir avec plus de respect ces plantes au premier abord peu sympathiques. L'age leur donne des figures presque humaines. Sur le livre d'or de l'île, nous trouvons les petits mots bouteilles a la mer, laisses par des amis cyclistes il y a quelques années, bonjour Nicolas, Laure, Beatrice et Emmanuel ! Nous attendons le coucher du soleil par un vent d'ouest à décorner les lamas (euh, non ça n'a pas de cornes, alors disons à desépiner les cactus). Le vent siffle dans leurs épines en modulant le son en fonction de l'age et de leur taille. La magie est totale sur cette île, au milieu des cactus, dans cette mer de sel. Le lendemain matin pour ajouter à la magie, nous nous levons avant l'aube et partons pédaler sous les étoiles en attendant la naissance du jour dans ce paysage de début du monde. Le froid est vif, nous mettons gants et bonnets, ambiance des petits matins de ski de randonnée sur nos vélos. Et le soleil se lève, nous gratifiant de couleurs douces, avant de brûler quelques heures plus tard. Nous mettons cap au sud en contournant un petit volcan a un peu plus de 5000m. Au bout du lac, arrivés a bon port, commence l'enfer du cycliste dans le sud Lipiez : sable, pierres, tôle ondulée, montées sèches, un univers entre 4200 et 4900m d'altitude, pas d'eau pendant 200km, aucun ravitaillement pendant 400km, un vent glacial et violent... Bilan fait, il nous faudrait des jours d'eau et de nourriture. Nous décidons de monter nos vélos sur un 4x4 et de nous offrir quelques jours dans cet autre univers avec Valerio, notre guide bolivien heureux de faire partager toutes les richesses de son pays et véritable mine d'informations. Quelques jours hors du temps sur cette autre planète. Après quelques heures de montée, a plus de 4500m, nous quittons la terre. La végétation a presque totalement disparu, autour de nous un univers minéral de toute beauté. Les volcans prennent des teintes rouges, bleues, vertes, jaunes, ocres, en fonction des minéraux qui affleurent. Ca et la, des pierres noires et rondes brûlées, issues de projections volcaniques sont négligemment posées sur le sol jaune comme si elles venaient de refroidir... Elles sont pourtant la depuis la formation des Andes il y a quelques 110M d'années. Le vent a sculpté d'étranges statues de pierre qui font penser a des arbres ou à des oeuvres de Salvador Dali. Nous passons à proximité de nombreuses lagunes qui nous offrent un spectacle extraordinaire d'eaux rouges, vertes, jaunes et bleues. Les premières doivent leur couleur rouge à des milliards de micro organismes qui se nourrissent des eaux fortement minéralisées. Les autres doivent leur couleur au sulfate de cuivre, au manganèse et aux très nombreux minéraux. Le clou de ce tableau féerique, des milliers de flamants roses, flamants des Andes grands aux pattes jaunes, flamants du Chili aux pattes bleues et flamants de James plus petits aux pattes rouges vif et au plumage très colores qui vivent dans des conditions totalement incroyables. On y admire également quelques oies, des petits échassiers, des renards ocres et des sortes de petits chinchillias, mi lievre, mi marmotte et mi écureuil avec sa grande queue. Tout autour, des volcans entre 5 et 6000m montrent leur cratère et quelques uns leurs fumerolles aux senteurs de souffre. Plus loin, les geysers crachent leur trop plein d'énergie. Certains sifflent brutalement, d'autres chuchotent et d'autres enfin cuisinent leur marmite de boue et de minéraux à gros bouillon. Que de beauté dans cet univers inhumain. Inhumain et pourtant des hommes y vivent dans des conditions extrêmes. D'abord pour l'extraction des minéraux dont le sol est considérablement riche : argent, borax, manganèse, magnésium, cuivre, cobalt, zinc. Les conditions d'extraction sont presque totalement manuelles, à la pioche, a la pelle ou au marteau. Certaines mines culminent à prés de 6000m ! Les hommes y restent dans des campements de fortune pour 3 mois d'affilés avant de redescendre se reposer un peu et reprendre leur labeur incroyable. Plus bas, quelques familles vivent dans des petits villages de fin du monde de l'élevage de lamas et de culture de quinoa, une céréale riche parfaitement adaptée aux conditions très sévères des hauts plateaux de l'Altiplano. Malgré des troupeaux de milliers de bêtes, ils vivent fort pauvrement. Le marche de la viande et de la laine de lama reste très localisé et aucune grande ville aux alentours ne peut absorber la production locale comme autour de la Paz ou d'Oruro. Ici, pas de poste de santé à moins de 10h de voitures, mais il n'y a pas de voiture. Autant dire que tous connaissent depuis des générations les vertus de telle ou telle plante. Il y en a une qui mélangée avec de l'urine en cataplasme soigne parfaitement les entorses...
Nombreux sont ceux qui preferent tenter leur chance dans le nord Argentine et partent faire 36 métiers pour nourrir leur famille. La crise Argentine se répercute durement ici : les clandestins sont les premiers a faire les frais de la récession et la baisse de prix fait rentrer de nombreux produits de contrebandes en Bolivie en concurrencent fortement les productions locales. Nous dormons dans les quelques petits villages du sud Lipez. Une occasion pour échanger, pour jouer au foot avec les enfants du village (bon sang que les accélérations sont dures a cette altitude malgré nos deux mois passés à plus de 4000m !), ou promener un par un tous les enfants du village sur les tandems ! Sur ces pistes de folie, nous ne croisons pas plus d'un véhicule par jour. Après des jours de montées et descentes dans ces paysages irréels, nous finissons par ré-atterrir sur terre à Tupiza après une vertigineuse descente de plus de 1600m de dénivelé au milieu de canyons extraordinaires rouges, ocres et verts, des cheminées de fées. Enfin la terre, des arbres, de l'eau, des palmiers, une ville... Pour un atterrissage, nous pourrions plus mal tomber. La température est douce, les gens sortent dans la rue. Nous partons nous baigner après des jours de sel et de poussière. Nous pourrions être au bord de la méditerranée. Il ne manque que les boules pour nous rappeler les meilleurs coins de Provence. Voila notre petite chronique de jours d'exception qui resteront sans doute dans notre mémoire pour longtemps... A bientôt d'Argentine, nous n'y sommes plus qu'a quelques encablures.
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Uyani le 28 Octobre 2002
Nous voici a Uyuni, au bord du plus grand lac sale du monde, une étendue blanche impressionnante que nous n'avons encore fait qu'apercevoir depuis notre dernier col. Uyuni est une petite ville perdue sur l'Altiplano, ambiance far West avec le vent qui court a travers les rues ensablées. L'extraordinaire cimetière de trains avec des locomotives du siècle dernier ajoutent à l'ambiance... Les enfants s'y sont régalés a courir entre les vieilles locos, à rentrer dans les cuves et traverser les wagons déglingués. Demain nous partons pour cinq jours de découverte du Salar, des lagunes et des volcans du sud à Lipietz, l'extrême sud de la Bolivie. Nous commencerons par nous essayer à la conduite du vélo sur sel... Mais revenons sur la très belle semaine passée de Potosi a Uyuni. De Potosi, nous avons pris une petite piste pour revenir sur l'Altiplano. Le relief tourmenté avec des cotes sèches à plus de 20 pour cent nous en ont fait voir mais nous nous sommes régalés de paysages extraordinaires tout au long du chemin, canyons érodés, teintes vertes et ocres, hauts plateaux désertiques. Nous n'avons rencontré que 4 ou 5 petits villages et croisé pas plus de 10 véhicules par jour. Pulacayo, le dernier village dans la cordillère avant de descendre sur l'Altiplano valait le coup d'oeil. C'était une des plus grande mine d'argent du monde au XIXeme siècle. Aujourd'hui c'est un incroyable village fantôme avec des bâtiments industriels, un cinéma, des grands hôtels ou jouent quelques enfants. Il reste même le fameux wagon attaque par Botch Casidy dit "the kid". Nous avions prévu l'approvisionnement en eau et nourriture en conséquence. Il fallait bien calculer mais tout c'est bien passé... Autant dire que nous ne nous sommes pas beaucoup lavés... Nous avons surtout apprécié des bivouacs de rêve avec vue imprenable sur les montagnes, bord de canyons, hauts plateaux et pas beaucoup de voisins, à part les lamas pour nous déranger. Nous avons laissé le temps orageux que nous avions depuis Potosi dans une petite vallée. Passé le col, le grand bleu est revenu et nous a précédé jusqu'ici. Nous avons goûté avec joie de pouvoir remanger dehors le soir après les soirées froides et ventées d'avant Potosi. Cote route, on nous annonçait une très mauvaise piste, qui ne fut heureusement pas si terrible que cela malgré quelques passages de tole ondulée et de gros graviers. A certain endroits, nous avons préféré la voie de chemin de fer, plus plane qui nous a évité un bon col. Nous roulions tantôt sur le cote de la voie, tantôt entre les rails et faisions rouler le vélo sur les rails pour passer les ponts dans les gorges... Une expérience intéressante. Alors qu'il ne parvenait pas a descendre la moindre déclivité après Lima, Alexis s'est révélé être un super descendeur tout terrain, s'avalant des descentes de col sur piste a toute vitesse... Heureusement car Maylis était en petite forme après quelques troubles d'estomac. Tout s'est réparé sur les derniers jours et elle nous a gratifié de quelques bonnes grimpettes de col. Philippe, un ami qui est venu rouler avec nous en Bolivie depuis la Paz a eu la bonne idée de voyager léger et nous a bien aide à porter notre chargement. La prochaine fois nous serons sans doute aux portes de l'Argentine. Bonnes vacances de Toussaint a tous ! Nicolas, Brigitte, Maylis, Alexis et Cyril.
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Potosi, le 21 Octobre 2002 Paz, Oruro, Potosi, les noms défilent, et nous tachons de vous donner une petite représentation de ce que nous vivons et ressentons dans ces lieux qui sonnent loin ! Cette dernière étape s'est principalement déroulée sur l'Altiplano. Alti toujours, on est restés entre 3500 et 4500 mètres d'altitude, on commence à avoir l'habitude des grands chiffres ! Plano au début, même si plano que quand le vent est de face, il n'y a pas grand chose pour s'en défendre ; car il est bizarre ce vent que l'on pensait majoritairement du nord (donc favorable). Il a réussi a changer si souvent qu'on en développerait presque un sentiment de persécution. Allez, avouons qu'il nous a aussi pousse ! Le sud d'Oruro est sur la carte couvert d'un très grand lac saumâtre très peu profond. On ne l'a pas vu, mais devine au loin. Par contre, nous avons pu apprécier les oiseaux attires, flamands roses et autres échassiers entre autres. Ce relief plat nous a aussi offert de magnifiques lumières, et chose exceptionnelle, un repas du soir au coucher de soleil. Exceptionnel, car à 4000 m d'altitude, dès que le soleil disparaît, il fait vite très froid, et nous prenons la majeure partie de nos repas du soir sous l'auvent de la tente, voire à l'intérieur, avec bonnets, polaire, veste ... on chauffe vite 4 m carrés à 6 (avec notre ami Philippe qui nous a rejoints en Bolivie) ! Ce grand plateau au sud d'Oruro, est aussi et surtout un lieu de pâture de lamas (maigres ressources), et d'exploitation de petites mines, qui après avoir produit de l'argent, donnent de l'étain et du cuivre ... encore de maigres ressources. Autant dire que les lieux sont très pauvres et les épiceries très sommaires. Puis la route nous a quittés. Sa construction se poursuit ... mais quel travail titanesque ! En même temps nous quittions le plateau pour une zone de montagnes rouges érodées. Paysages magnifiques minéraux de canyons, mais tant de cailloux sous nos roues ! Un peu de pluie aussi pour agrémenter l'ensemble, transformée en neige le matin. Nous nous sommes faits des spécialistes de bivouacs sur route de montagne dans les carrières ou garages des engins de chantier, seuls endroits a peu prés plats !
le cyber café ferme !! on essaie de continuer demain matin avant de partir Bises et bonne nuit
Le lendemain de bonne heure avant de repartir! Nous sommes passés sans le savoir et sans le voir sur les lieux de production de tissages et tricotages magnifiques. Dommage, car c'est au moins l'avantage du vélo de pouvoir accéder a de petits villages. Les femmes tissent (laine de lama) selon des motifs compliques. Les mantas, carres de tissus servent a tout par la suite. Elles produisent aussi de magnifiques ponchos portes par les hommes, et des bandes cousues en bas de leurs jupes noires (en campagne). Quand aux hommes, ils ont le privilège du tricot. Ce sont eux qui tricotent les bonnets pointus avec oreillettes, tout en marchant. Incroyable quand on regarde la minutie des motifs (aiguilles minuscules). Ici les couleurs sont très vives, c'est superbe. Malheureusement, les bonnets sont portés sur le haut de la tète(quel look !!), et les tailles ne conviennent pas du tout à nos tètes. Mais tout ceci, nous ne l'avons découvert qu'en arrivant a Potosi. La traversée des zones de chantiers routiers nous ont encore rendus un peu plus célèbres localement ! Nous croisions et recroisions les camions dont les conducteurs nous nous gratifiaient de saluts de plus en plus larges au fur et à mesure des rencontres. Les pellicules de suivi de chantier rendront encore quelques photos insolites de cyclistes soufflant et crachant dans les cotes pierreuses. Peu avant Potosi, nous avons encore une fois profité d'eaux thermales : baignade dans le lac d'un petit cratère, dont les eaux à 30 degrés (on était habitués à plus !) auraient de grandes vertus, mais on ne sait pas lesquelles. L'Inca lui même serait venu de Cusco pour s'y baigner. Pour nous, le premier bienfait à été d'une grande relaxation ... et d'un prélavage certain, ou décrassage après, il faut bien l'avouer, plus de 10 jours sans douche (on s'habitue !) Il fallait bien ça pour terminer la montée sur Potosi, longue et sans intérêt. Nicolas était en petite forme avec une espèce d'angine (soignée maintenant), et l'humeur générale s'en ressentait. C'est Alexis cette fois qui nous a fait une finale en grand style, en montant à vélo jusqu'en haut de la vieille ville, alors que nous poussions tous avec difficultés tant la pente était raide. Il faut dire que Nicolas lui avait promis un "Sublime" (carre de chocolat Nestle que l'on peut trouver en ville). Vélo et ventre font bon ménage. Potosi est une ville étonnante. Elle a été au 17 siècle la ville la plus importante du monde (plus peuplée que Paris ou Londres !) La richesse du passé, tirée des énormes gisements d'argent découverts au 16 siècle et immédiatement accaparés par les Espagnols, se ressent a travers toute la ville. Le centre est parsemé de grandes églises, édifices coloniaux somptueux, et s'y promener est très agréable. Ville essentiellement minière encore a ce jour, l'atmosphère est néanmoins gaie, presque méditerranéenne, malgré la fraîcheur des soirées. Les quartiers résidentiels des mineurs les plus pauvres sont à l'écart du centre. Encore une fois nous avons le sentiment de deux mondes tellement opposés entre la ville et la campagne, séparés de quelques km seulement. Ici les jeunes portent des jeans, jouent a des jeux sur Internet, mangent des glaces dans la rue. Les marchés sont riches en produits divers. Des boutiques proposent toutes sortes de matériels locaux ou d'importation. Dans une rue piétonne, un magasinfait de la promotion pour les téléphones portables. Les commerces sont regroupés par rues. Notre petit hôtel se trouve dans la rue des pompes funèbres (on peut choisir un cercueil le samedi a 9h du soir !) et des coiffeurs. Nous avons bien évidemment trouvé la rue des pâtisseries, et en avons essayé plusieurs ! (Philippe dans ce domaine est un compagnon de route agréable, ses envies dépassant souvent les nôtres !). Nos gâteaux préférés sont de petits biscuits secs agrémentés de différents arômes, mais ceux des Boliviens de gros gâteaux spongieux nappés de crème blanche, et qui semblent rester longtemps dans les vitrines ! Il faut dire que cote nourriture, nous sommes un peu frustrés en Bolivie. Ils ne se foulent pas ;les petits restaurants de base servent invariablement une soupe (souvent bonne) puis une viande tache avec du riz sec et quelques crudités. Aucune préparation de sauce, aucune viande ou légume cuisine. Et comme nous on fait encore pire le soir quand on campe (riz ou nouilles sans rien du tout) ... nous sommes presses de trouver une cuisine un peu meilleure. L'alternative en ville est du poulet grille avec des frites (la corpulence des Boliviennes témoignent de la quantité d'huile). Meilleurs, des petits friands (empanadas) qui contiennent une farce de petits légumes et parfois viande. La différence est grande avec le Pérou ou les plats étaient la plupart du temps très savoureux. Hier, nous avons visite les mines. Achat au marche de dons que nous allions faire aux mineurs rencontres : feuilles de coca, dynamite en vente libre, avec mèche et détonateur, alcool a 98 degrés (pour boire, par pour désinfecter !) ... Puis habillement sommaire de vêtements de protection (photos par la suite des enfants emballés !) et équipement de lampes. L'entrée dans les galeries est impressionnante. Les mines sont maintenant exploitées de façon coopérative ; aucun plan, aucun ingénieur ... il faut connaître. On se faufile, on descend, on tâtonne. Les mineurs travaillent pour leur compte après avoir été assistant pendant au moins 4 ans et avoir paye un droit d'entrée de 700 dollars US (endettement). Ils travaillent seuls dans un petit couloir, se payent l'aide d'un assistant s'ils le peuvent. Pas d'horaire, pas de salaire. La rémunération dépend de la richesse du minerai, mixte maintenant (étain, cuivre, cobalt ...) Le temps de l'argent est révolu, mais a quel prix ! Plus de 8 millions d'esclaves africains et indiens sont morts dans les mines. Cette exploitation a fait la richesse de l'Espagne, a crée la piraterie des Caraïbes. On dit ici que le minerai récolte aurait permis de construire un pont en argent de Potosi a Madrid, et qu'un second pont en os des esclaves morts aurait également pu être édifié à coté. L'exploitation sur plusieurs centaines d'années a réduit la taille de la montagne de 300 mètres ! Les galeries supérieures sont maintenant épuisées, et les mineurs travaillent maintenant très profond, ou règne une très grande chaleur. Nous n'avons pas pu y aller, et sommes restes un peu frustrés du peu d'activité que nous avons rencontre. Explications trop sommaires sur beaucoup de points, nous devrons trouver dans des livres ce que les guides n'ont pas pu nous apprendre. Nous nous apprêtons a reprendre la route vers Uyuni, 225 km plus a sud ouest. La pistes est a ce qu'il parait très mauvaise, mais traverse de magnifiques paysages... ça se paye ! Nous n'aurons quasiment pas de ravitaillement sur les 5 a 6 jours de route, et partons avec des sacoches bien remplies de confiture, miel, chocolat, carottes, arachides ... pour agrémenter le riz sec.
A très bientôt si nous trouvons une cabine Internet sur place |
ORURO le 14 Octobre 2002
Bonjour, Après notre épisode amazonien, nous voila de retour sur l'Altiplano, cap plein sud vers Potosi, Sucre, Uyuni puis la Bolivie. Nous apprécions les nuits fraîches. Les premiers contacts un peu mitigés avec la Bolivie, avant la Paz, se sont vite évanouis et nous avons retrouvé les relations chaleureuses et sympathiques qui nous avaient manqué. La route est bonne, même les chauffeurs de bus sont redevenus plus attentionnés envers la gente cycliste, le relief est modéré et le vent du nord qui souffle en cette saison sur l'Altiplano nous aide bien. Nous parvenons à parcourir 85, 90km sans trop de fatigue. Tout va bien pour nous mais la vie sur l'Altiplano est dure pour ceux qui y vivent. En dehors de la saison des pluies, pas une culture ne pousse et l'élevage de moutons et de quelques lamas reste la seule ressource. La saison des pluies justement commence a se faire sentir et nous gratifie d'un temps mitige et d'épisodes pluvieux assez fréquents. En descendant vers le sud, nous devrions toucher des zones semi-desertiques dans quelques semaines. Deux jours après la Paz, mon petit plateau a eu la mauvaise idée de se déchirer comme du carton... Je n'avais jamais vu ça ! Retour sur la Paz en bus, certain de trouver le plateau shimano 26 dents, 5 branches, écartement de 42mm.. Après avoir parcouru tout le quartier des "talleres de bicicletas" force est de constater que l'on trouve toutes les pièces chinoises voulues mais pas de plateau shimano de 26. Dans le magasin de velo "occidentalisé" de la Paz, des plateaux de 4 branches, de diamètre différents, mais pas le plateau voulu. Je termine par atterrir dans l'atelier d'une agence spécialisée dans le VTT en Bolivie et la pas de problème, le système D bolivien se met en oeuvre. A coup de meuleuse et de soudure, nous transformons un pignon de 26... en plateau de 26. Ca n'est pas breveté SGDG mais ça a l'air de marcher après essai. Si il revient en France, promis je l'encadre dans le salon ! Le temps de bricolage permet d'engager la conversation et tous les mécanos de l'atelier s'avèrent faire partie de l'équipe nationale de cyclisme de Bolivie... Grandes discussions sur le vélo, l'organisation de la Fédération locale, les compétitions... et le Tour de France. Quand j'ai dit que nous habitions dans les Alpes, ils étaient aux anges et tous de me citer les grands moments du tour, l'Alpes d'Huez, la Madeleine, l'Izoard, le Galibier, le Glandon et compagnie, des encyclopédies vivantes de la géographie vélocipédique française. Ils m'ont montré toute leur collection de cassettes du tour de France ! Quand je leur ai dit que mon frère était ingénieur en chef de chez Mavic, célèbre équipementier de vélo français, c'était du délire. Tous sont équipes de jantes dont ils ne tarissaient pas d'éloge (pub gratuite !). Au final, il n'y a pas eu moyen de payer et ils m'ont raccompagné jusqu'au terminal de bus sous les encouragements. De retour au village, j'ai retrouve toute la famille installée dans le presbytère bien au chaud. Bref, les petites galères sont toujours l'occasion de rencontres... Nous voici à présent a Oruro, une ville minière qui tire sa richesse de l'étain et du cuivre. Dans quelques jours nous devrions retrouver la montagne et la piste pour arriver à Potosi. A bientôt,
Nicolas |
Rurrenabaque, Amazonie, 10 octobre Nous vous avons laissé il y a un peu plus d'une semaine de la Paz et nous vous retrouvons... à la Paz après une semaine assez extraordinaire dans un autre monde, l'Amazonie. Nous n'avions pas prévu ce petit périple au programme mais nous avons rencontré des amis qui ont fait aux enfants des descriptions de la foret et des animaux. Impossible d'y couper, ça n'est pas très loin. Nous partons donc avec trois autres amis cyclistes, Philippe, venu nous rejoindre à vélo pour un mois en Bolivie et un couple suisse très sympathique rencontres au bord du lac Titicaca. Tout a donc commencé a quelques kilomètres de la Paz, après le col de la Cumbre à 4780m, par une descente incroyable de près de 4000m de dénivelé sur une piste complètement impensable tracée à flan de falaise avec des à pics de plus de 1000m de profondeur. Elle est surnommée ici la "route de la mort". Deux bus s'y écrasent tous les mois, les croix le long de la route avec le nom de tous les occupants et les restes des carcasses au fond du ravin attestent de la difficulté de la circulation et du sang froid des chauffeurs. Sur cette piste qui ne doit pas mesurer plus de 2.5m de large par endroits et qui est régulièrement emportée par des éboulements, doivent se croiser des bus, des camions des semi-remorques... et des cyclistes. Les véhicules doivent parfois reculer plusieurs centaines de mètres pour se garer a quelques centimètres du ravin. Dans ce contexte, nous nous sentons très bien sur nos petits vélos, la piste ne présentant en elle même aucune difficulté. Maylis a su restée bien concentrée et faire preuve de sang froid dans les passages un peu exposés. Le plus jeune à avoir fait cette route à vélo était jusqu'a présent un garçon de 11 ans... Elle peut donc graver son nom sur les records de cette route un peu folle. Elle est arrivée les poignets et les bras tétanisés par les chaos de la route, contente de l'avoir fait et applaudie par les habitants du petit village en bas de la descente. Tout au long de la descente, nous avons pu admirer le changement complet de végétation. Partis de l'herbe rase des hauts plateaux, nous nous retrouvons en fin de journée au pied des bananiers entourés de papillons multicolores... Quels contrastes ! Après une halte dans une petite ville de rêve dans les montagnes au milieu de la foret... et encore préservés des moustiques, nous avons continué notre route en bus pour s'enfoncer un peu plus dans la foret jusqu'à Rurrenabaque, une bourgade au bord du Beni, un affluent de l'Amazone... Après les nuits froides de l'Altiplano les 35-40 degrés et l'humidité permanente sont un vrai choc même si nous n'avons plus a nous plaindre du manque d'oxygène. La végétation a changé du tout au tout. Au bord du fleuve, bananiers, papayers sont partout près des habitations. En s'éloignant un peu du fleuve, la foret se fait plus profonde. Un vieux guide nous emmène en bateau remonter le fleuve et nous montre les richesses de le foret : les plantes médicinales, les lianes incroyablement solides qui permettent de faire des cordages très résistants, l'arbre à colle dont la sève sert à fabriquer toutes sortes de colles, le balsa d'une incroyable légèreté malgré sa très forte rigidité, les palmes qui permettent de s'abriter et toutes sortes de plantes, l'arbre à eau dont la sève permet de se désaltérer et toutes les traces d'animaux auprès des points d'eau, pumas, loutres, crocodiles, singes, ocelots... Nous partons ensuite dans la pampa, vastes entendues herbeuses recouvertes d'eau en saison des pluies. Nous remontons une petite rivière dans des longues pirogues à moteurs creusées dans un troncs et surélevées de plats-bords. Et là, nous allons assister à un spectacle étonnant pendant les quelques jours que nous allons passer au bord de la rivière... En saison sèche, toute la vie se trouve concentrée autour de la rivière et des points d'eau dans une luxuriance tout à fait extraordinaire. Les oiseaux s'envolent à notre approche et nous pouvons les admirer sans même prendre de jumelles, les hérons en arrêt devant leurs proies, hérons carrés, bihoreaux, pourpres, les gracieuses aigrettes, des sortes de spatules roses et blanches, l'énorme jabiru blanc, rouge et noir qui ressemble au marabout africain, le raffarinos à pattes courtes, l'aigle noir perché sur une branche, les martins pêcheurs et de nombreux petits échassiers vivant en petits groupes bruyants, l'oiseau du paradis effectivement très beau mais bien maladroit dans les arbres... et bien d'autres que notre connaissance bien limitée de l'ornithologie ne nous permet pas d'identifier. La vie dans l'eau est tout aussi grouillante. Au bord de l'eau des sortes d'énormes rats gros comme des cochons, paisibles herbivores vivant en familles d'une dizaine nous regardent passer placidement. Ils forment la nourriture de base des crocodiles, des pumas et des anacondas. Les arbres morts servent de perchoirs aux colonies de tortues qui prennent le soleil les unes sur les autres et plongent a notre approche. Elles peuvent vivre ici une quarantaine d'années même si à peine 10 pour 100 parviennent a passer leur première année... La nuit, nous partons observer la vie sur l'eau autour de la rivière. Avec nos lampes nous voyons briller les yeux des crocodiles tous les 15 ou 20 mètres alors qu'en journée ils se réfugient généralement au fond de l'eau. Grâce à tous les conseils de notre guide, les enfants pourront tout vous raconter sur la différence entre le crocodile de couleur sombre qui a les dents visibles, l'alligator jaune et noir qui a les dents à l'intérieur, et le grand caïman, marron fonce et blanc, le plus long de tous avec ses 7 à 8m et le plus redoutable chasseur. Ils vous diront tout sur leur durée de vie, le temps de sevrage des petits, le nombre par portée... Nous sommes également partis à la chasse au piranhas qui grouillent dans la rivière. Ils vivent par bande de 600 à 700 individus et peuvent dépecer un boeuf enlisé sur les bords de la rivière en quelques minutes grâce a leur mâchoire acérée. Quant à les attraper, c'est une autre histoire... ils sont tellement vifs qu'ils parviennent a manger nos petits bouts de viande sans que nous parvenions a les ferrer. Ils sont pourtant magnifiques, jaune, oranges et bleu sombre. OUBA! OUBA! Mais ceux que nous avons le plus apprécies, ce sont les dauphins roses, des dauphins d'eau douce de 2m de long qui vivent dans les eaux du bassin amazonien... Ils mangent en effet les piranhas et sont redoutés des crocodiles, caïmans et alligators. Nous avons donc pu nous baigner avec eux en confiance dans la rivière alors que les crocodiles étaient à l'affût à quelques dizaines de mètres... On hésite un peu au début mais après, quel bonheur de se baigner et se délasser dans ses eaux sombres et chaudes alors que la température extérieure approche les 40 degrés ! La nuit aussi est vrai plaisir... Nous dormons tranquilles dans un campement, complètement dévêtus sous la moustiquaire en attendant la moindre brise qui permettra de faire tomber un peu la température. La foret résonne de chants d'oiseaux, de bruits d'animaux en tous genres. Les plus terribles sont les singes hurleurs qui nous réveillent par des cris épouvantables de chasse d'eau et de siphons sur les coups de 5h du matin... Le matin, nous partons a pied dans la pampa pour découvrir les serpents. Nous tombons sur un beau spécimen de serpent à clochette et sur un cobra tout a fait séduisant que notre guide a vite fait de neutraliser. Nous admirons toute la vie présente autour des points d'eau et un beau spécimen de caïman nous fait le plaisir de surgir a quelques mètres de nous... Ils possèdent à merveille l'art du camouflage... En retournant au camp, nous tombons sur un beau spécimen d'anaconda femelle de plusieurs mètres de long qui venait de pêcher. Les males peuvent atteindre 7 à 8m de long et sont nettement plus impressionnants. Mais nos seuls vrais ennemis, se sont les moustiques qui ne nous laissent aucun répit du soir au matin et sont peu gênés par nos repellants divers. Bref au bout de ces quelques jours nous étions incroyablement sales, épuisés par la chaleur, dévorés par les moustiques mais heureux, ravis d'avoir entrevus un autre monde encore... Imaginez la joie des enfants qui sont revenus les poches remplis de miles trésors de la jungle, restes d'insectes, lianes, fleurs multicolores. Notre guide leur a offert une dent de crocodile qu'ils portent fièrement autour du coup et avec laquelle a coup sur, Cyril va faire craquer toutes les cuisinières du marche de la Paz ! Plutôt que de remonter en bus par la route dont nous avions apprécié les courbes à la montée, nous avons pris un avion militaire pour remonter directement sur la Paz... Rechangement de de climat... Il pleut et les polaires sont de rigueur. Nous n'avons pas eu à souffrir du retour brutal en altitude pour l'instant... Après ce petit intermède, nous repartons demain sur l'Altiplano plein sud vers Oruro, Sucre, Potosi et Uyuni.
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La Paz, le 1er octobre 2002 Le lac Titicaca, deux mois de voyage, première frontière franchie, passage de nos 2000 km et de notre 11eme col a plus de 4000m d'altitude. Notre trajet depuis Puno a long2 le lac Titicaca, bien petit sur la carte, mais si grand quand on y est ! Les bords sont souvent plantés de roseaux, qui servent tant a la construction qu'a l'ameublement, puis vient une eau bleue superbe. La route suit les rives en vallonnant. Rapidement, nous arrivons à la frontière bolivienne. Premier petit hic, le policier ne nous accorde un visa que de 30 jours (insuffisant) tout en reconnaissant qu'en étant français, nous devrions en avoir un de 90 jours ... mais il n'a pas de tampon pour 90 jours... Nous devrons faire une demande d'extension à La Paz. Comme au Pérou, nous continuons allégrement à saluer les personnes que nous croisons. Il nous faudra un petit moment pour comprendre qu'un passage de frontière représente plus qu'un tampon sur un passeport ! Les relations ici sont beaucoup plus froides, et, echaudés par le silence de nos interlocuteurs, nous roulons maintenant les deux mains rivées sur le guidon. C'est d'ailleurs plus sur, car ici, les minibus roulent comme des fous (et oui, pire qu'au Pérou !) Doubler de front en face de nous, klaxons furieux quand on ne se range pas assez vite, (et gestes peu ambigus), nous n'étions pas habitues à cela. Alors, on fait comme les locaux, on se précipite sur le bas cote quand le ton des klaxons monte, dans les pierres et le sable, le verre et les déchets ... c'est désagréable et peu roulant. La première ville après la frontière est Copacabana. Pas de belle plage, mais un nombre inimaginable de restaurants et de petits hôtels. Nous ne sommes plus en grosse saison touristique, et les salles de restaurants vides le soir font un peu pitié. (Nous n'avons pas pour autant mangé 4 fois pour satisfaire les restaurateurs). Embarquement pour l'Ile du Soleil, ou nous avons passé deux jours. Cette très belle ile représente dans la mythologie Inca le lieu de naissance des premiers Incas. De là, ils sont partis vers le nord pour développer leur culture et trouver un lieu de stabilisation. Ce sera Cusco. L'Ile est montagneuse, et un très beau chemin empierre chemine tout le long. Par contre, aucun respect de l'environnement. Le ports sont jonches de détritus, c'est pitoyable. La route vers La Paz continue a longer le lac. Nous passons un petit bras sur un bac. Puis, nous retrouvons l'altiplano, et les longues lignes droites dans lesquelles les minibus jouent a se faire la course. Nous passons quelques villages qui nous font regretter le Pérou. Les maisons sont dispersées sans aucune logique. Pas de place, ni de structure. Très peu de petites épiceries, et il n'y a pratiquement rien dedans. Impossible de trouver des fruits ou légumes, une boite de lait concentré ... Quelle différence avec le Pérou ! Un soir, nous demandons de l'eau dans un village. Quand nous la versons dans la casserole, de petits têtards bougent encore malgré la pastille de chlore. Nous ressortons le filtre que nous pensions avoir pris pour rien. Les maisons sont faites d'adobe (briques de terre et paille) au rez de chausse, puis montées en brique cuites. Aucun enduit de surface; rien ne semble fini, mais pourtant déjà un peu casse. Cote Pérou, les briques cuites ne sont pas utilisées, mais les maisons sont entièrement en adobe, et enduites de terre. Souvent des petits jardinets de fleurs sont plantes devant; c'est plus agréable a voir ! L'arrivée à La Paz est impressionnante ! Nous arrivons par la ville du haut "El Alto", ou règne une grande pagaille de bus, quelques vélos, mais rares, camions, artisans sur la chaussée, le tout essayant de coexister avec les trous de la route. Puis soudain, sans comprendre comment, on se retrouve sur une espèce d'autoroute qui plonge sur La Paz : la ville est tout au fond et partout sur les montagnes environnantes. On n'en voit pas la fin. L'arrivée au centre n'est pas aussi terrible qu'on le craignait, mais nous sommes contents de quitter les vélos peu appropries aux rues étroites, pavées, raides et surtout a la circulation très dense. Il nous aura fallu un peu de temps pour nous y retrouver, comprendre ou et quoi manger ... trouver du pain frais. Maintenant, nous avons nos habitudes au marché ou on mange très bien a des prix imbattables. Nicolas a réussi, mais avec quels efforts et combien d'heures a refaire faire de nouveaux porte-bagages avant en acier pour nos deux tandems. Nos "super" porte bagages alu de chez Vaude (c'est de la pub !!) achetés bien cher en France et qui devaient résister a tout, n'avaient pas supporte 1900 km de route et 100 km de piste... Nous serons maintenant mieux équipés pour la Bolivie ou nous aurons une grande majorité de piste. Demain, Philippe, un ami français arrive avec son vélo pour partager avec nous un peu plus d'un mois en Bolivie. Notre voyage prendra une nouvelle dimension ! A très bientôt
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LAC TITICACA le 20 Septembre 2002
Nous voici arrives sur les rives du lac Titicaca, le lac sacre des incas. Après Cuzco, nous avons remonté pendant près de trois jours une étroite et riche vallée ou les cultures de pommes de terre, mais et quinoa le disputaient à l'élevage de moutons et de chèvres. Les restes de la présence inca y sont encore très nombreux. Aqueducs, réseaux d'irrigation, temples témoignent encore d'une culture très évoluée. En campagne, les belles constructions traditionnelles en brique d'adobe, boue séchée mélangée à de la paille, les charpentes en eucalyptus et les toitures en tuiles romaines ont fait place aux affreuses constructions en béton. Dans la plupart des villes on ne sait jamais si les maisons, tous fers à béton dehors sur les toits, sont encore en chantier ou déjà en cours de démolition. Les vêtements à l'occidentale portes en ville ont fait place aux vêtements colorés des femmes avec leur ponchos multicolores, leur chapeau haut de forme blanc ou en feutre noir. Le vélo au rythme lent nous permet mieux de découvrir le monde rural ou décidément nous nous sentons mieux qu'en ville. Nous continuons à apprécier l'hospitalité péruvienne. Le premier soir, nous étions accueillis par le bedeau de l'église d'un petit village. Nous avons partagé la nuit avec les poules dans la cour de sa ferme. Le clou de l'endroit reste quand même les WC : une magnifique cuvette rose fuschia posée au milieu de l'enclos des cochons d'inde, d'un kitsh inégalé ! Il nous fait visiter sa magnifique chapelle baroque réalisée par les espagnols au XVIeme siècle à l'emplacement d'un ancien temple inca. Le soleil des incas est associe au Christ comme les anciennes divinités sont recyclées par les saints du pantheon chrétien. Nous passons la soirée suivante en musique à échanger des chansons avec les enfants d'une femme du village... Le lendemain, nous sommes invites à un mariage de campagne. Toute l'assistance, bien 300 personnes (les péruviens font mieux que les mariages Rasse-Mercat !) nous accueille sous les encouragements et nous devenons les hotes de marque de la fête. Nous buvons la bière et la chicha et nous avons droit aux danses avec le et la mariée. Les femmes sont magnifiquement habillées. Seul le marié en costume fait un peu pingouin au milieu de tant de couleurs. Il arbore fièrement un billet de 100 soles (30 euros) épingle à la boutonnière. Tout le monde est un peu rond mais l'ambiance reste sympathique. Avant d'arriver a l'Abra la Roya, un col a 4300m (une formalité à présent) qui sépare la région de Cuzco de celle de Puno, nous campons auprès de sources chaudes et alors que le vent du nord nous apporte un froid glacial, nous nous baignons dans les eaux sulfureuses. Moment magique que de se prélasser de nuit a plus de 4000m sous les étoiles, entourés de sommets enneigés a plus de 6000m, dans une eau a plus de 40 degrés ! Nous avons termine la soirée en dégustant sous la tente une délicieuse truite péchée dans un ruisseau voisin. Il y a des jours ou l'on ne regrette pas de s'être donne un bon coup de pied aux fesses pour aller voir si le monde est beau... Après le col, changement de décor, nous sommes vraiment sur l'altiplano, la vallée étroite à fait place a un large plateau d'herbe dorée par le soleil, rigoureusement plat, encadré de quelques montagnes. Les cultures, les arbres ont disparu pour laisser place à de l'élevage extensif de bœufs, de lamas et de moutons. Les villages se font plus épars. Un maigre filet d'eau coule au fond du lit d'une rivière qui serpente paresseusement. Au fond, la vie est là, flamants roses, aigrettes, ibis se partagent les trous d'eau. Des sortes de pics verts nichant dans les berges s'envolent en rigolant à notre approche, de leur vol chaloupé. D'autres oiseaux ressemblant aux mouettes rieuses décrivent des cercles au dessus de nous. Le plat est bien doux à nos roues et la route est bonne, malgré un vent très changeant qui tantôt nous pousse, quel délice, tantôt nous freine. Les enfants ont vite appris à prendre la roue et à s'abriter comme des pros par vent de cote. Les kilomètres défilent plus vite qu'entre Nasca et Abancay et les enfants sont en grande forme. Cyril du haut de ses 5 ans roule près de 40km tout seul sur le petit vélo. Nous parcourons jusqu'a 85km dans la journée... en ayant fait l'écoles.( ou les cols) O joie pour un développeur de circulations douces, le vélo est ici omniprésent. Éleveurs allant voir leurs bêtes, grande sœur emmenant les deux petits frères à l'école, le vélo est le moyen de transport bien adapté. Peu de relief, un habitat disperse qui rend trop long les parcours à pied, une route principale équipée d'une bonne bande cyclable... toutes les conditions sont réunies pour faire du vélo un outil performant de déplacement. Les VTT rencontrés en zone de montagne ont fait place a de solides velos chinois rustiques permettant de transporter des charges lourdes. L'intermodalité entre vélo et transports en communs marche à plein régime : pas un bus qui ne soit surmonte de 4, 5 ou 6 velos. Le velo est utilise sur des distances de 5 a 15km. Dans les villages et les gros bourgs, c'est sur deux ou trois roues que tout se déplace, les triporteurs servent a installer les marches, transporter les charges lourdes et les gens avec de très nombreux "pousse pousse" colorés. Chaque conducteur se charge de l'embellir au mieux pour le rendre plus attractif. A Juliaca, la grande ville suivante, les 2 ou 3 roues font pour une fois la loi et les motorisés ont du mal à se faufiler tant la circulation est dense. Circulation dense, complètement anarchique mais parfaitement fluide entre 10 et 15km/h. La ville de Puno au bord du lac Titicaca à peine 50km contraste bien avec relativement peu de velos. La route plus ancienne n'est pas équipée de bandes cyclables et rend notre progression bien stressante. Nous avons l'œil rive au rétroviseur et sautons sur le bord de la route des que se profile un croisement entre deux véhicules... Comme quoi les conditions objectives de circulation des deux roues influent considérablement, ici comme en France sur le niveau de pratique... ça y est c'est le boulot qui revient... De Puno, nous allons passer une journée en bateau sur le lac. Nous visitons d'abord des iles flottantes faites traditionnellement par les tribus de pêcheurs Uros avec des roseaux tresses. Les iles ont une durée de vie d'environ trois ans. Tout un village est ainsi constitue avec mairie, école et centre de santé. Malgré l'omniprésence du tourisme ici, qui fait plus vivre que la pêche, nous discutons avec un vieux qui nous explique le système traditionnel d'échange entre pêcheurs et agriculteurs de la cote. L'ile suivante Taquile, compte plus de 2000 habitants organises en coopérative. Ils ont su préserver par leur organisation leur mode de vie traditionnel de culture en terrasse, la peche et l'artisanat. Les touristes en visite sont invites a dormir a tour de role chez les uns et les autres. Aucun complexe hôtelier n'a encore pu s'y installer et l'ile a jusqu'a présent été bien préservée des promoteurs aux dents longues. Les paysages du bord du lac font un peu penser aux rives méditerranéennes avec ses murs de pierre, les cultures en terrasse, les fleurs sèches et odorantes. Les habits sont beaux avec un bonnet qui indique la position matrimoniale et sociale. Chose curieuse, ce sont les hommes qui tricotent les bonnets. Le coin est évidemment touristique et nous change bien des zones rurales plus tranquilles mais l'ambiance reste sympa et accueillante. Les enfants en profitent pour sympathiser avec des chiliens, des japonais ou des allemands un peu envieux de ne pas avoir pu faire tout ça a leur age... Nous repartons demain vers le sud du lac et la Bolivie. Nous devrions être à la Paz a la fin du mois. Bon courage a tous, Nicolas
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CUZCO, le 12 septembre La fin des grandes montées!!!
Nous vous avions laissés a Abancay fin août, dans notre traversée Ouest/Est. Tout cela nous semble maintenant bien loin, tellement les journées sont riches. D'Abancay, nous avons continué à monter. Chose nouvelle, nous avons fait la connaissance de la pluie ... on s'en serait bien passé ! La montée se fait en lacets, et au bout de 30 kilomètres, on voit toujours Abancay, mais en se croyant en avion ! Toujours des rencontres sympathiques en bord de route, des gens qui nous encouragent, nous arrêtent .... pour nous prendre en photo, nous donner des oranges, des fruits, des galettes ... Décidément, ces Péruviens sont extrêmement attachants. Les mamies en costume sur le bord du chemin nous gratifient de "que lindo" (que c'est mignon). C'est vrai que les enfants ont une sacrée touche avec leurs casques de couleur, et impressionnent dans les montées (on en a le temps, plus que dans les descentes). Cette nouvelle montée d'une quarantaine de kilomètres nous a donc pris plus d'un jour, et nous avons avalé la descente de plus de 60 km (oui, c'est agréable) le lendemain. Petit à petit nous avons a nouveau changé totalement d'environnement et dans la descente avons retrouve la chaleur, les perroquets, bananiers, papayes et canne à sucre, petit aperçu du tropical, à presque 2000 mètres d'altitude quand mème. Nous avons retrouve avec regret aussi ces petites mouches noires qui piquent a toute vitesse, et ça gratte après !! Elles nous ont bien gênés dans la nouvelle montée du lendemain, car a faible vitesse, elles ont tendance à rester, et surtout, elles nous empêchent de nous arrêter faire des petites poses. Bref, c'était dur physiquement et moralement, et nous étions presses de retrouver de l'altitude. Nous avons passe notre dernier grand col a plus de 4000 mètres d'altitude, ce qui a permis a Nicolas de calculer que depuis Nazca, nous avons monté plus de 12000 mètres. Bravo les enfants qui ont réussi a se relayer dans les montées, a Cyril, toujours partant quand les autres sont a plat, et que nous laissions rouler sans souci sur cette route peu fréquentée, à Alexis qui passe de jours sans "frite" à des jours ou il avale les dénivelés mystérieusement. Quand à Maylis, c'est elle qui a l'exclusivité de toutes les descentes, car elle maîtrise mieux la conduite, les freins, et c'est important quand les descentes sont longues, avec des trous, des pierres mais aussi des boeufs et des moutons sur la chaussée ! (rassurez vous elle monte aussi !) Nous pensions retrouver derrière ce dernier col les paysages d'une pampa sèche et désolée et des lamas. En fait, nouveaux paysages de plateaux très agricoles avec en fond des hauts sommets enneigés. Actuellement c'est le temps des labours, la plupart du temps avec des boeufs attelés qui tirent une charrue, très rarement sur de grandes parcelles, avec des petits tracteurs. Les costumes changent. Ici, les femmes portent des chapeaux hauts blancs ...bizarre !
Sur le chemin des Incas Cuzco est une très jolie ville, parsemée de vestiges incas. C'est surtout une ville très touristique, et pour la première fois nous nous faisons aborder partout par des vendeurs de cartes postales, de souvenirs. L'artisanat est très beau, et extrêmement bien fini. Beaucoup de tissus magnifiques aux couleurs très vives, dont les femmes se servent de sac a dos, de pulls en alpaga, de peintures. Encore une fois nous sommes un peu frustres de ne rien pouvoir prendre avec nos vélos. Les enfants ont quand même réussi à négocier un petit nounours en peau d'alpaga, avec lequel ils dorment à tour de rôle. Dans la ville, nous perdons l'avantage de la relation que nous avons habituellement grâce au vélo. Ce n'est pas drôle d'être un touriste "moyen" ! Nous décidons de laisser la majeure partie de nos bagages a Cuzco dans un hôtel pour partir 4 à 5 jours dans la vallée sacrée et dormir à l'hôtel dans des petites villes. Nous apprécions notre nouveau chargement ultra léger, et partons de site en site : Saqsayhuaman, Pukapukara, Tambomachay, Pissac, Ollantaytambo ...
Les restes archéologiques sont impressionnants par la construction architecturale. Les sites religieux sont les plus soignés, avec des blocs de pierre énormes, agencés les uns sur les autres avec des découpes extrêmement complexes et précises. Les murs n'ont aucun joint, et aucun interstice non plus. Les constructions des portes, fenêtres, mais aussi des murs sont sur un principe trapézoïdal, qui a permis la résistance à tous les tremblements de terre, fréquents et destructeurs des autres constructions. Nous admirons aussi le travail des terrasses, des réseaux hydrauliques, qui permettaient des cultures à flanc de montagne de plantes différentes de celles cultivées dans la vallée. Nous sommes aussi impressionnes par le travail gigantesque qu'a représenté ces constructions (pour le site de Saqsayhuaman, pour lequel nous avons bénéficié d'un guide, la construction a représenté 20 000 hommes en permanence pendant 50 ans), construction faite sur une base de bénévolat car servant la religion, mais dans un temps très court de l'existence de l'empire Inca. La destruction a été terrible par les Espagnols : destruction physique avec la prise des pierres pour la construction des palais, cathédrales et autres bâtiments, destruction de statues et éléments rituels particuliers, mais surtout destruction de la culture et de la connaissance des techniques. Les techniques de construction, d'hydrauliques ont été totalement perdues. Cette pérégrination de site en site nous a amenés à Ollantaytambo, fin de la route. Nous avons du prendre le train pour Aguas Calientes (exploitation touristique avec des prix en US$ pour les touristes, dans des wagons différents que les locaux). Le lendemain avant l'aube, nous sommes partis sur la montée du Machu Pichu, que nous avons préfèré faire à pied plutôt qu'en bus. Nous avons été récompensés par une montée dans une foret tropicale avec plein de lianes, de plantes parasites sur les arbres, d'orchidées, de chants d'oiseaux magnifiques, et de quelques apparitions d'oiseaux de toutes les couleurs. En haut, un site magique. Les photos permettent de bien visualiser les constructions de cette ville entière avec ses parties d'habitation, religieuses, industrielles et agricoles. Par contre, il faut retracer un environnement dans une vallée très encaissée (seule la ligne de train passe), en haut d'une montagne de foret dense, dans une boucle d'une rivière chahutée qui charrie une eau grise et sombre vers l'Amazonie toute proche. Contrairement a notre crainte, l'afflux des touristes est resté raisonnable, la taille du site aidant. Les cars de Japonais ne sont arrivés qu'en fin de matinée ! Nous sommes montés au dessus du Machu Pichu, voir d'autres ruines sur un piton escarpé. Les enfants marchaient à toute vitesse et écœuraient les adultes essoufflés. Notre passage a plus de 4000 mètres nous a laissé en bonne forme. (Le Machu Pichu est a 2700 seulement). De retour au village, nous avons tente en soirée les sources thermales (Aguas Calientes signifie sources chaudes). Location de maillots de bain et de serviettes (nous n'avions presque rien comme bagages), et nous nous sommes retrouvés de nuit avec un look d'enfer dans ces maillots de bric et de broc dans des bassins d'eau très chaude. Quelle ambiance ! L'eau était très chlorée, soufrée et iodée, on verra quelles vertus elle avait ! Nous en sommes tous ressortis avec une peau verte! Retour a nouveau très tôt en train (celui de 6 heures du matin est le moins cher), puis par velo pour retourner vers Cuzco. Au passage, nous vu les salines de Maras, encore un site fantastique : à seulement une cinquantaine de km de cette zone tropicale du Machu Pichu, des collines de terre rouge et sèche. En gravissant une colline, on découvre petit à petit un pan entier couvert de petits bassins en terrasses. En haut coule une source saline, qui alimente selon des réseaux de petits canaux plus ou moins obstrués. Ces bassins dans lesquels l'eau s'évapore petit a petit. Du coup, se présente une mosaïque de couleurs selon le niveau d'évaporation. On pourrait vous raconter encore mille choses, au risque de vous lasser, mais notre enthousiasme est grand. Plusieurs touristes "routards" nous ont venté la Bolivie, qu'ils ont souvent préférée au Pérou. Alors, on y va ! Quand nous regardons la carte d'Amérique Latine, nous constatons que nous n'avons pas beaucoup avancé. Habituellement, les touristes rencontrés vont de Lima a Cuzco en 2 jours. Il nous aura fallu 5 semaines, mais nous n'avons pas du tout vu ni vecu la même chose. Le retard dans notre premier "planning" est réel, mais on entend parler avec enthousiasme de la Bolivie, du nord de l'Argentine, du Chili ...et de l'Indonésie. Comment y arriverons nous ? Dans trois semaines notre périple prendra une nouvelle dimension. Un ami, Philippe s'aventure a partager notre route à vélo pour un peu plus d'un mois en Bolivie. Notre objectif est donc de pouvoir l'accueillir a La Paz début octobre.
Départ demain vers le sud. D'après Nicolas, le relief devrait être plus clément. Nous n'aurons qu'un gros col. Prochaine grande étape au Lac Titicaca qui fait la frontière avec la Bolivie. Notre amie Chela d'Ica disait en riant "Titi, c'est au Pérou, et caca, c'est en Bolivie" tout en nous conseillant de changer la formule en changeant de pays ! Depuis 4 jours, il se met a pleuvoir en début d'après midi pour une à deux heures, plus parfois. A bientôt pour des nouvelles plus sèches, peut être depuis Puno |
ABANCAY le 31 août 2002
Bonjour a tous, Bonne rentrée a tous en ce début de septembre. Le rituel n est pas le même pour nous cette année. Nous avons fait notre rentrée des classes début août dés le début du voyage, un petit peu chaque jour sans mercredi, sans samedi et sans dimanche. La classe se fait selon l'humeur du jour, la météo et le programme de vélo, c'est a dire un peu n importe quand et n'importe ou, a 4500m au milieu des vigognes et des lamas, dans un petit restaurant, dans un pré avec les moutons... Au programme, maths, français, dictée, rédaction pour tout raconter et dessins, sans oublier la musique pour agrémenter les soirées de nos hôtes, très fiers de savoir que Oswaldo, le prof de musique des enfants est péruvien. Nous vous avions laissé à Puquio après une première expérience de l'altitude. Nous sommes aujourd'hui à Abancay a quelques jours de Cuzco et la semaine passée a été en tous points extraordinaire. Nous avons recommencé à monter plus d'un jour et demi après notre dernière halte. Les cultures en terrasse du début ont vite fait place à des près entourés de magnifiques murs de pierre montes patiemment depuis des décennies par les paysans qui se sont succèdés. La végétation riche et les arbres se font de plus en plus rare et ne subsiste en haut que la puna, une herbe rase qui est la base de l alimentation des vigognes et des lamas. A 4500m en haut du col, que nous atteignons sous une tempête de grêle et de neige et par un vent glacial, au lieu de redescendre dans une nouvelle quabrada, nous découvrons le paysage extraordinaire des hauts plateaux. Des faibles vallonnements, au loin des sommets enneigés a plus de 5000m, des grands lacs, des colonies de flamands roses et de cigognes 'que font elles a cette altitude' et le vent froid qui nous gèle et rend notre progression difficile. Nous avons passe notre première nuit à 4400m, la tente tenue par de gros rochers sur un sol trop dur pour planter. Notre progression lente nous a permis de nous habituer progressivement à l'altitude. Le mate de coca permet de faire passer les légers maux de tête. Les enfants font preuve d'une faculté d adaptation stupéfiante. Cyril notamment fait preuve d'une volonté de fer et reste toujours partant pour relayer ses aînés sur le petit vélo. Il termine régulièrement les cols a plus de 4000m et peut s'avaler 500 à 600m de dénivelé dans la journée. Il faut parfois lui arracher le vélo des mains pour le relayer et ce n'est que totalement à bout qu il consent à peine a monter sur le tandem. A cette altitude vivent les éleveurs de lama, constamment exposés à l'altitude et au froid. Nous y avons constaté pour la première fois les effets de l'alcool. Pourtant l'accueil est toujours chaleureux. En remontant un troisième col, nous avons bien discuté avec les enfants sortant de l'école. En fin de journée, la nuit commence a tomber, le col est interminable, de gros nuages noirs s accumulent au dessus de nos tètes et toujours pas moyen de trouver le moindre endroit plat pour planter, avec toujours ce vent glacial vent du nord qui nous siffle aux oreilles... Enfin, nous atteignons le col et entamons la descente, toujours rien et la neige qui commence a tomber. Cyril est sur le petit vélo et à toujours un moral d'acier dans les moments difficiles. Je commençais à désespérer de lui trouver un gêne Mercat parmi les gênes d'organisation qu il a hérité de la famille Dupin, j'en ai trouve un c'est sur, c'est le goût du plan galère ! Et puis comme par enchantement nous atteignons un petit village et l'hospitalité péruvienne agit de suite sous les traits du maître d'école qui nous ouvre tout grand les portes. Nous avons donc la chance de dormir dans la classe du village et de pouvoir préparer un bol de riz et manger quelques bananes au sec. La neige est bien tombée toute la nuit, heureusement le soleil matinal vient dégager les routes et les sommets, les paysages sont splendides. Nous avons la chance de rencontrer les enfants de l'école et discuter avec le maître. Les enfants font jusqu a une heure et demie de marche a pied pour venir à l'école... nous sommes loin des embouteillages de la rentrée au Bourget du Lac ! De ce fait la classe n'est que le matin de 8h a 13h. Le taux de scolarisation est élevé ici malgré ces conditions difficiles. Vers midi nous franchissons un dernier col avant d'entamer une descente vertigineuse qui durera 3 jours, qui nous fera passer de 4400 à 1800m. Un moment rêvé dans une carrière de cycliste. Dans sa première partie, la route est goudronnée et c est un vrai plaisir. Le deuxième jour, nous nous enfonçons dans une magnifique quebrada profonde de plusieurs milliers de mètres au bord d'une splendide rivière. Malheureusement, la route existante fait place à une route en construction... un chantier titanesque pendant plus de 100km et des conditions de circulation particulièrement difficile au milieu du chantier, des engins et de sections boueuses. La neige de la veille fait progressivement place a un temps chaud puis carrément tropical. En l espace d'une journée nous passons de l'herbe rase de la puna à une végétation de bananiers, papayers, orangers, de canne a sucre. Les perroquets verts et rouges et les papillons multicolores nous entourent... Revers de la médaille, les petites bêtes sont aussi la et nous nous faisons dévorer par de petites mouches extrêmement désagréables. C'est avec soulagement qu'elles nous abandonnent au fur et à mesure que nous nous relevons pour quitter la vallée et nous diriger vers Cuzco. Nous devrions y être dans 5 jours environ pour prendre un peu de repos bien mérité et visiter les environs de la capitale de l'empire Inca... Plus que deux cols à plus de 4000m, 4500m de dénivelé et nous devrions apprécier le relief plus modéré de l'Altiplano. Le voyage a ce pouvoir d exacerber tous les moments vécus, les moments d'exaltation comme les moments difficiles... un concentré de vie qui demande aussi quelques moments de pose. Ils devraient être les bienvenus après ces deux semaines splendides et intenses... Alexis rêve de bons petits plats, Maylis des sables chauds de Nouvelle Caledonie et Cyril... de vélo ! A bientôt a Cuzco !
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PUQUIO, jeudi 22 août Difficile de se retrouver dans le calendrier. Cela fait une semaine que nous avons quitte Nazca, et beaucoup de choses se bousculent dans notre tête. Cela fait encore plus longtemps que nous vous avons laisse sur internet ! Alors, un petit mot de Nazca: C'est une ville perdue dans le désert et le désert on aime beaucoup. De grandes étendues de rien, mais alors vraiment rien, pas le moindre bout de végétation ... pas même une mouche. De temps en temps, quelques maisons, mais surtout a l'occasion d'une petite vallée, le miracle de l'eau, de l'irrigation et tout pousse. Peu avant Nazca, se trouvent les fameuses lignes multi-millenaires. Nous avons visite un petit
musée dans la maison de Maria Reche, Allemande qui a consacre sa vie a
l'étude de ces lignes et dessins. Nous avons pu également en observer
quelques uns a partir d'un mirador en bord de route. Pour le survol
en avion, c'etait un peu cher!
Notre compréhension de l'espagnol est maintenant suffisante pour suivre des explications. Nicolas parle même très bien !
Après cette visite, plus rien de nous retenait, et nous avons véritablement monte. Dur dur !! En fait, la route est très belle, avec des virages bien dessinés, et une pente d'environ 5%, c'est a dire très correcte. Le problème, c'est que l'on évolue en plein désert, avec toujours des préoccupations d'eau, qu'en pleine journée, le thermomètre frôle les 40 degrés, que 100 km c'est long. Puis vient le soucis de l'altitude. On garde néanmoins des souvenirs fantastiques. Le passage de paysages vallonnés totalement minéraux, avec l'apparition au fur et a mesure de l'altitude de cactus, puis de toutes petites herbes, et vers 3000 mètres seulement des touffes suffisantes d'herbes sèches pour permettre l'existence de chèvres. Cette montée s'est faite
dans des reliefs plus vallonnés que de hautes montagnes. On se
demandait toujours ou on allait monter, car il nous semblait Charme du vélo surtout, qui nous permet de passer du temps au milieu de nulle part, de raconter notre histoire à qui veut bien, de trinquer avec les camionneurs, qui tous nous ont décrit les kilomètres a venir dans le moindre détail ... de la cote et encore de la cote! La suite fut magique. Bivouac de rêve dans une vallée caillouteuse au bord d'un feu de bois, et contre tous les conseils, nous avons avalé nos derniers 1000 mètres de dénivelé en une journée. C'était dur, c'est sur! Avec l'altitude, on pense
- on espère- que la forme n'est pas au mieux, car malgré la faible
pente et un vent plus que favorable, nous avancions entre 5 et 7
km/heure ! Personne n'a souffert du mal des montagnes, et Cyril s'est
montré
Nous sommes arrivés à notre point culminant de cette première
montée (4300m) dans le parc de Pampa Galleras, réserve de vigognes. Nous en avons vu énormément, les enfants étaient ravis.
En haut de la cote, un
petit café et bien évidemment on s'est arrêtes. Deux Péruviens ont
absolument voulu nous offrir deux truites saumonés qu'ils venaient de pêcher.
Peu après, arrêt dans les bureaux de la réserve pour visiter un petit
musée. Ils ont absolument tenu à nous héberger, et ce sont les femmes
des gardes qui nous ont fait cuire les truites sur leur feux de bois. Les gens comme toujours
sont extrêmement aimables, viennent souvent nous poser des questions,
puis nous souhaitent bon voyage. Les femmes ici sont souvent en costume traditionnel, avec
grandes jupes (et beaucoup de jupons car La cuisine est délicieuse, et les prix imbattables!
Mille excuses aux
correspondants fidèles, nous n'avons pas réussi à lire nos messages,
car beaucoup trop longs a charger. Dans une ville un peu plus grosse,
nous nous rattraperons ! |
Palpa,
Perou, le 10 aout 2002 Question español, ça
commence a rentrer et j'ai du faire face à mon premier interview en
espagnol a la radio locale... |
Samedi 3/08
Voila quatre jours que nous sommes partis de Lima. Un taxi, lourdement charge nous a conduit au km 35 de la panaméricaine, puis nous avons enfourche nos vélos et fait les premiers tours de roues sur cette route récente. C'est une
deux
fois deux voies, avec une très large bande sur le cote, ce qui nous a
permis de
rouler en sécurité. Depuis Lima, nous roulons dans le désert total.
Dunes de sable gris, puis clair a perte de vue, sans aucune végétation.
Pourtant, il
nous aura fallu presque 200 km pour quitter un brouillard dense, et voir
enfin La circulation est dense,
essentiellement des bus et des camions. Nous sommes énormément salues
et encourages. Il faut dire qu'avec notre rythme d'environ 50 km par
jour, certains bus ont déjà du nous croiser plusieurs fois ! Carlos nous a fièrement montré ses cochons dans un ensemble de parcs à bestiaux du faubourg. Baptiste et très croyant, il s'est senti très
concerné
par notre recherche de logement. Puis, nous aurons encore
environ une bonne semaine avant d'atteindre Nazca
et de quitter la Panaméricaine pour entamer la grosse montée vers
Cuzco. |
Lundi 29 /07 Bonne nouvelle, nous avons récupéré les vélos hier soir
a l'aéroport. Les
emballages ont souffert, mais globalement ça va. Nous venons d'être
informes
que nos sacoches manquantes devraient arriver ce soir... encore un
voyage à
l'aéroport ... On devrait donc pouvoir partir demain. On a le contact
d'un taxi
de confiance qui pourrait nous emmener a environ 35 km au sud pour
sortir de la
ville (avec chargement "couleur locale" des deux tandems et du
vélo sur le toit) |
Vendredi 26/07 en direct de Lima Bien arrives hier soir très, tard à Lima, après un voyage bien long : plus de 21 heures de vol dans 4 avions successifs. Voyage sans doute trop fatiguant pour nos trois vélos et deux sacoches qui sont restés a Londres ! British Airways les a
localisés, et essaye maintenant de nous les faire parvenir a Lima, ce
qui va prendre quelques jours. Ici c'est l'hiver. Les
gens portent des vestes et des écharpes, certains des gants. Nous
sommes en manches longues. |
Vendredi 26/7 Le départ |
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